Magazine Humeur

Les Invisibles

Publié le 14 décembre 2012 par Mistervautier @mistervautier

Voilà, je suis donc redevenu parisien. Adieu, ma belle île de Ré. Je ne regrette rien, c'est une belle page qui se tourne. Ainsi va la vie.

Donc, mes chers et fidèles amis lecteurs, je retrouve mon éternel amour, mon impossible liaison : Paname.
Il ne fait pas beau, le ciel est gris et les nuages un peu trop bas, à mon goût. Mais qu'importe, les rues sont toujours aussi différentes et animées, brillantes et sales, accueillantes et vertigineuses. Pourtant, j'essaye de (re)découvrir la capitale avec les yeux d'un provincial : sa cohue, si agitation et surtout, sa foule bigarrée et colorée.

Les parisiens.

Pour être sincère, je ne cherche pas à les regarder. Pas tout de suite, du moins. Mon œil traîne sur l'Opera Garnier, les lumières et le bruit. Avant que je ne la remarque. Ou devrais-je dire, avant de lui marcher dessus. Enfin, presque.

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J'ai juste le temps de la prendre en photo avant que cette petite femme ne disparaisse. Plus tard dans la soirée, j'en parle avec Lulu. « - Je vois qui c'est, me répond ma belle, elle est souvent dans le quartier. « 

L'affaire s'arrête là. Je range la photo dans les classeurs de ma pellicule. Je m'endors du sommeil du juste.

Le lendemain matin, en prenant le train pour partir sur la capitale, je croise une autre femme. Elle n'est pas très jolie, je vous l'accorde, mais rien sur sa personne ne pourrait laisser présager qu'elle est fracassée à un niveau plus qu'olympique.

La dame parle seule. À voix haute et intelligible. Comme si sa meilleure amie était a côté d'elle. Ou, allez savoir, le fantôme de son mari. Toujours est-il que nous entendons tous – je ne suis pas seul sur le quai – sa crainte de ne pas trouver un travail « déterminé« . Son fils est gentil mais ce n'est pas sûr qu'il puisse l'aider. Enfin, elle conclut par cette phrase énigmatique : « - J'emmène mes démons de Bondy à Gagny. « 

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Le train arrive. La femme monte dedans, accompagnée de sa copine invisible.

Et voyez-vous, mes chers amis lecteurs, cette anecdote aurait pu s’arrêter là. Mais que nenni ! À peine installé sur ces merveilleux fauteuils de voyage de la SNCF, je me trouve affublé d’un nouveau compagnon de voyage.

Si, si.

Il porte une barbe longue et blanche. Sa bouche émet une plainte monotone et sourde. En même temps, le brave homme ouvre son parapluie et le caresse. Oui, vous avez bien lu, mes chers et fidèles amis lecteurs, il caresse son parapluie.

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Je comprends alors que je peux faire une nouvelle rubrique dans ce merveilleux blog que vous êtes plus de 900 à suivre. Merveilleux parce que c’est le mien, but, yes, of course. Une rubrique simple et humaine, parce que l’humain est toujours ce qui m’a fait avancer : celle des gens que nous voyons tous les jours, auxquels nous ne faisons absolument plus attention. Non pas que je veuille vous culpabiliser… Ce blog, merveilleux, vous disais-je,il n’y a pas si longtemps, n’est pas entretenu pour exercer une morale quelconque. Non, je voulais juste m’attarder sur ces gens qui sont sur le bord de la route.

Les Invisibles.

Ça me prend comme une envie de… Peut-être même ne le ferais je pas très longtemps. Mais entre une toute petite femme, une dame qui parle toute seule d’un travail déterminé et un gentleman qui caresse son parapluie, ne trouvez-vous pas qu’il y ait matière à écrire ?

Moi, oui.

I love you. All of you. And Lulu.

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