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Richard Berengarten | Nada : hope or nothing

Publié le 18 décembre 2012 par Angèle Paoli
« Poésie d’un jour »
choisie par Sabine Huynh

NADA : HOPE OR NOTHING


Like a windblown seed, not yet rooted
or petal from an impossible moonflower, shimmering,
unplucked, perfect, in a clear night sky,


like a rainbow without rain, like the invisible
hand of a god stretching out of nowhere
to shower joy brimful from Plenty’s horn,


like a greeting from a child, unborn, unconceived,
like an angel, bearing a gift, a ring, a promise,
like a visitation from a twice redeemed soul,


like a silent song sung by the ghost of nobody
to an unknown, sweet and melodious instrument
buried ages in the deepest cave of being,


like a word only half heard, half remembered,
not yet fully learned, from a stranger’s language,
the sad heart longs for, to unlock its deepest cells,


a blue butterfly takes my hand and writes
in invisible ink across its page of air
Nada, Elpidha, Nadezhda, Esperanza, Hoffnung.


Richard Berengarten, The Blue Butterfly in The Balkan Trilogy, Selected writings 3, Part 1, Salt Publishing, 2006 & 2008 ; Shearsman Books, 2011, page 9.


Richard Berengarten, The Blue Butterfly


NADA : L’ESPOIR OU RIEN

Comme une graine portée par le vent, pas encore semée
ou un pétale détaché d’une fleur lunaire improbable, scintillante,
non effeuillée, parfaite, dans un ciel nocturne clair,


comme un arc-en-ciel sans pluie, comme la main invisible
d’un dieu, surgie de nulle part
pour répandre la joie débordant d’une corne d’abondance,


comme l’appel d’un enfant, pas encore né ni conçu,
comme un ange, porteur de présents, une bague, une promesse,
comme la visite d’une âme par deux fois rachetée,


comme un chant silencieux psalmodié par le fantôme de personne
à un instrument inconnu, doux et mélodieux
enfoui depuis une éternité au plus profond de la caverne de vie,


comme un mot à moitié entendu seulement, à moitié évoqué,
pas encore tout à fait appris, de la langue d’un étranger,
dont le cœur désolé, dans le désir de libérer ses cellules les plus intimes, se languit,


un papillon bleu prend ma main et écrit
à l’encre invisible à travers sa page d’air
Nada, Elpidha, Nadezhda, Esperanza, Hoffnung.

Traduction inédite de Sabine Huynh



RICHARD BERENGARTEN

Richard Berengarten

Source

(notice bio-bibliographique et note éditoriale établies par Sabine Huynh)

Descendant d’une famille de musiciens, Richard Berengarten (connu antérieurement sous le nom de Richard Burns) est né à Londres en 1943. Il a vécu en Italie, en Grèce, aux États-Unis et en ex-Yougoslavie. Il vit aujourd’hui à Cambridge (Angleterre), où il enseigne à l’université et où il a fondé en 1975 le Cambridge Poetry Festival. Davantage que poète britannique, il se revendique comme poète européen écrivant en anglais. Ses poèmes ont été traduits en une trentaine de langues (publiés soit sous le patronyme de Berengarten, soit sous celui de Burns).


The Blue Butterfly (« Le Papillon bleu ») fait partie d’un ensemble de cinq volumes. Il en constitue le troisième volume, publié en 2006 & 2008 dans la série des Textes choisis de Richard Berengarten (Selected Writings, Salt Publishing). Il est aussi le premier volet de sa Trilogie des Balkans (Balkan Trilogy), suivie de In a Time of Drought et d’Under Balkan Light. The Blue Butterfly s’inspire en premier lieu du massacre perpétré à Šumarice, aux abords de la ville de Kragujevac, en octobre 1941, mais aussi de la rencontre entre l’auteur et un papillon bleu, au même endroit, en mai 1985. Les poèmes sont accompagnés de documents, de photographies, d’une postface et d’un ensemble de notes, qui informent le lecteur sur le contexte, les dates et les lieux de rédaction du recueil. En octobre 2007, l’auteur a reçu le Veliki skolski čas prize lors de la commémoration annuelle du massacre de Kragujevac, et le poème « Le Papillon bleu » a servi de fil conducteur pour l’oratorio de la cérémonie en plein air de commémoration des victimes.

Le site officiel de Richard Berengarten => http://www.berengarten.com/site/



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