L’intimidation a beaucoup plus, semble t’il de conséquences que nous puissons imaginer.. L’intimidation a long terme pourrait avoir des répercussions même sur nos gènes …
Nuage
L’intimidation altère un gène lié à l’humeur
Photo : iStockphoto
L’intimidation par les pairs modifie la structure entourant un gène impliqué dans la régulation de l’humeur, affirment des chercheurs du Centre d’études sur le stress humain de l’Hôpital Louis-H. Lafontaine.
La chercheuse Isabelle Ouellet-Morin et ses collègues estiment que cette réalité peut rendre les victimes plus vulnérables aux problèmes de santé mentale en vieillissant.
« Beaucoup de gens pensent que nos gènes sont immuables. Or, cette étude suggère que l’environnement, même social, peut influer sur leur fonctionnement. C’est en particulier le cas d’une expérience de victimisation à l’enfance qui modifierait à la fois notre réponse au stress, mais aussi le fonctionnement de gènes impliqués dans la régulation de l’humeur. » — Isabelle Ouellet-Morin
Une autre étude publiée par Mme Ouellet-Morin avait démontré il y a quelques années que les enfants victimes d’intimidation sécrètent moins de cortisol, l’hormone du stress, et présentent plus d’agressivité et de problèmes d’interactions sociales.
Les nouveaux résultats montrent aujourd’hui que cette diminution de cortisol, qui survient vers l’âge de 12 ans, est précédée, deux ans plus tôt, de la modification de la structure entourant le gène SERT. Celui-ci régule la sérotonine, un neurotransmetteur impliqué dans la régulation de l’humeur et la dépression.
Vingt-huit paires de jumeaux identiques âgés en moyenne de 10 ans ont participé à cette recherche en fonction de leurs expériences d’intimidation par les pairs.
« Puisque ce sont de jumeaux identiques vivant dans les mêmes conditions, la modification de la structure chimique entourant ce gène ne peut s’expliquer par le bagage génétique ou l’environnement familial. Nos résultats suggèrent que les expériences de victimisation sont à l’origine de ces modifications. » — Isabelle Ouellet-Morin
L’auteure, dont le détail des travaux est publié dans la revue Psychological Medicine, espère maintenant évaluer la possibilité de renverser ces effets psychologiques à l’aide d’interventions réalisées dans les écoles et un soutien aux victimes, par exemple.
Le saviez-vous?
L’intimidation est appelée bullying en anglais. C’est un phénomène répandu chez les enfants dans les écoles, mais qui est également observé chez les adultes. Il y a intimidation quand une ou plusieurs personnes font violence de façon répétée à une autre personne. Cette violence peut être physique ou psychologique, elle peut prendre la forme d’humiliation, de moqueries ou de taxage (lui voler un objet qui lui appartient en le menaçant).