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[Ciné du Vietnâm] L’odeur de la papaye verte

Publié le 23 novembre 2012 par Alanlimo @ChristoChriv

papaye verte

A travers l’histoire de Mui, petite paysanne servante dans une famille de la ville, évocation d’une vie de femme traditionnelle vietnamienne.

Camera d’Or au Festival de Cannes 1993, L’Odeur de la papaye verte (réalisé par Tran Anh Hung) raconte une histoire extrêmement simple: celle d’une petite fille de dix ans qui arrive dans une maison de notables vietnamiens et y passe toute sa vie. Et la trame se construit comme un parcours initiatique, autour de la relation ambivalente entre l’apprivoisement de la servitude et la délivrance trompeuse de l’amour.

Simple histoire, qui se résume en une phrase – mais touchante et, surtout, bercée par une photographie envoûtante.

Les plans sont beaux, travaillés au millimètre carré de poussière près. Un quotidien de servante se transforme en une toile impressionniste où les saveurs des plats, les effluves de la végétation et les mélodies d’une langue, se transforment en un bercement océanique.

Certains vont trouver l’histoire ennuyeuse, ou carrément banale – quoi ? Une servante dans les années 50-60 au Vietnâm ? Et alors ? Son mode de vie, d’accord, mais après ? Est-ce qu’on s’en fout pas un peu, finalement ?

Mais on ne regarde pas ce film pour ce qu’il vous apprendrait sur l’histoire du pays. Ce n’est pas une fresque sociale, un documentaire, un film historique ; ici, la guerre n’est qu’un prétexte à la mise en valeur d’une poésie toute asiatique, lente, fine, et loin des cadences infernales des films occidentaux où les moments de silence ne sont plus permis.

« Le film se passe dans les années 50. A cette époque, les Français étaient encore présents au Vietnam. Si j’ai choisi de ne pas les montrer, c’est parce que je voulais que cette histoire se passe dans un petit quartier. Calme, typiquement vietnamien. Je devais aussi, pour la cohérence de mon propos, tenir le public français à l’écart de toute tentative nostalgique. »

L’odeur de la papaye verte, c’est : le temps qui passe, l’amour, un passage, une transmission, l’entrelacement des corps découverts, la progression. De la subtilité, du réalisme et, forcément, beaucoup de mélancolie. Comme un voyage où l’on ferme les yeux, où l’on ouvre tous les pores de la peau, pour se laisser pénétrer et se laisser emmener loin, loin, loin …

« La papaye est un fruit quand elle est mûre. Verte, elle est considérée comme un légume.
C’est pourquoi le papayer est toujours planté derrière la cuisine, dans le potager, parmi les légumes et les herbes aromatiques. En aucun cas, il ne peut se mêler aux arbres du jardin d’agrément.

La papaye verte parvient à l’homme, dans une assiette, prête à être consommée.
En revanche, elle est cueillie, lavée, épluchée, préparée par la femme.
C’est ainsi que l’évocation de la papaye verte me rappelle aussitôt tout
un monde de gestes et d’attitudes de la femme dans ses travaux domestiques.
L’odeur de la papaye verte est pour moi un souvenir d’enfance des gestes maternels. »

Le trailer :

Le film en entier :


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