Le siège principal de la manifestation sera comme toujours (à tout seigneur, tout honneur) Avenida Corrientes, qui sera rendue piétonnière depuis la rue Junín jusqu'à la rue Talcahuano, et cette année en plus, la nuit concerne aussi certaines zones des quartiers de Belgrano, Palermo et Recoleta (au nord) et San Telmo (au sud), des quartiers riches en librairies et en très bonnes libraires, ainsi que les bouquinistes installés dans les sous-sols (cuevas) de Avenida de Mayo (un must pour les bibliophiles à Buenos Aires : certaines cuevas sont de vraies cavernes d'Ali-Baba où s'amoncellent des vieux livres, dans des éditions qui remontent parfois au 17ème siècle !, tandis que d'autres sont des solderies où vous trouverez, à très bon prix, toute sorte d'ouvrages d'occasion, dont certains sont particulièrement intéressants, car ils sont épuisés depuis longtemps).
Sur les parcours concernés, les librairies seront ouvertes jusqu'à pas d'heure (ou peu s'en faut : la fête commence à 17h et devrait se terminer à minuit). Dédicaces, conférences, ateliers d'écriture, jams sessions, spectacles, lectures publiques, rencontres diverses et variées avec les auteurs sont au programme. Le Gouvernement de Ville de Buenos Aires a même invité pour l'occasion une chanteuse mexicaine très connue sur tout le continent pour un show gratuit en plein air ! Et le ciel est avec les bibliophages car on annonce chaleur et beau temps toute la journée (29° au thermomètre et sans doute nettement plus en température ressentie). Pas une goutte de pluie en prévision...
Au Centro Cultural Ricardo Rojas, qui dépend de l'Université de Buenos Aires et se trouve avenida Corrientes 2038, auront lieu toute sorte d'activités en rapport avec la culture durable, envisagée jusque dans ses aspects écologiques...
Les maisons d'édition indépendantes participent aussi à la fête. Elles sont assez nombreuses en Argentine, même si leur production est faible (en quantité) et souvent auto-distribuée...
Il y aura même une promenade à vélo, qui partira de la Bibliothèque Nationale (Plaza del Lector, esquina Las Heras y Austria, dans Recoleta) et descendra doucement jusqu'à la esquina Corrientes y Montevideo, pour s'achever au Café La Paz, un grand lieu de rendez-vous des intellectuels portègnes depuis sa fondation. C'est là que l'écrivain Juan Carlos Kreimer présentera son ouvrage, intitulé Bici zen, le cyclisme urbain comme chemin (Bici zen. El ciclismo urbano como camino)... Sur ce thème du vélo dans Buenos Aires, je vous renvoie à l'article que j'avais consacré à La Bicicleta Blanca, ce tango-polka du duo Piazzolla-Ferrer qui ose représenter Dieu ou le Christ pédalant sec dans les rues de Buenos Aires en offrant au monde le salut et la rédemption...
Sur l'Agenda Culturel du portail officiel de la Ville de Buenos Aires, on cherche hélas en vain des informations sur cette manifestation. La seule chose que l'on parvienne à apprendre, c'est qu'il y a ce concert gratuit de Julieta Venegas, donc ce qui, de tout le programme, est le plus déconnecté du thème de la journée... La Noche de Librerías a en effet été lancée par le précédent gouvernement portègne, celui de Telerman, un gouvernement péroniste. On ne sait pas quel miracle elle survit encore car la plupart des autres initiatives suscitées par le même courant politique ont déjà disparu du paysage de Buenos Aires, mis à part le Festival de Tango. A en croire ce silence officiel, il semblerait donc urgent, tant que celle-ci est maintenue, de la vider de son sens et de lui faire aussi peu de publicité que possible... C'est lamentable.
Pour aller plus loin : lire l'article publié ce matin par Página/12.