Un moment de plusieurs minutes sans bruits … ou du moins sans bruits que nous avons provoqués .. Est-ce possible ? Même en fermant la télévision, radio… le bruit est toujours présent que ce soit le ronronnement du frigo, des autos qui passent …
Nuage
Un ennemi invisible qui fait du bruit
PAR RENÉE LAURIN | PHOTO: SHUTTERSTOCK
Le bruit s’insinue dans nos vies sans que nous en ayons toujours conscience. À la ville comme à la campagne, le silence perd du terrain. Faut-il s’en inquiéter?
Partout dans le monde, audiologistes et citoyens sonnent l’alarme. La perte de l’acuité auditive de personnes qui n’ont que 20 ans n’est plus un phénomène isolé. De son côté, l’organisation mondiale de la santé (OMS) reconnaît que la pollution sonore pourrait avoir des effets dévastateurs sur la santé physique et psychologique des gens si on ne fait rien pour freiner sa progression.
Problèmes cardiovasculaires, acouphène, augmentation du niveau de stress, irritabilité accrue, insomnie, perte de concentration, diminution de la performance… Les problèmes reliés à l’exposition régulière aux bruits environnementaux sont beaucoup plus nombreux qu’on ne l’imagine. La rareté du silence pourrait même empêcher de développer la vie intérieure nécessaire à toute réflexion personnelle.
Lorsqu’on cherche à désigner un coupable, le développement technologique des 30 dernières années est aussitôt pointé du doigt. Les motoneiges, les voitures avec un système d’échappement modifié, les motomarines, les hors-bords, les avions et les camions sont les principales sources de bruit en ville et dans les lieux de villégiature. En banlieue, ce sont les tondeuses à gazon, les thermopompes et les filtreurs de piscines qui troublent notre quiétude et minent notre qualité de vie.
Selon Chantal Laroche, professeure titulaire à l’Université d’Ottawa (programme d’audiologie et d’orthophonie), les bruits les plus dommageables sont ceux que l’on ne contrôle pas. Par exemple, un séchoir à cheveux génère 80 décibels, ce qui est bien au-delà de la norme acceptable. Cela dit, on peut l’arrêter au moment souhaité. Par contre, on contrôle moins la tondeuse (90 db) d’un voisin ou la musique que celui-ci fait «jouer» à tue-tête (120 db); c’est une tout autre histoire!
«Certains manufacturiers font des efforts pour produire des appareils moins bruyants», note Mme Laroche.
Cependant, il reste beaucoup de travail à faire au Québec et en Amérique du Nord pour atteindre les standards de fabrication européens.
Selon Chantal Laroche, il nous faut une politique nationale sur le bruit pour uniformiser la règlementation au Québec. Un groupe d’experts a d’ailleurs été mandaté par le ministère de la Santé pour formuler un avis sur la pertinence d’une telle politique.
En attendant que les gouvernements s’en mêlent, des citoyens se mobilisent pour sensibiliser la population québécoise au problème.
«Le bruit est invisible, note Patrick Leclerc, président fondateur du Regroupement québécois contre le bruit (R.Q.C.B.). Il faut en parler pour le rendre visible. Les gens finissent par croire que le bruit qui les entoure est la norme. Ils ne reconnaissent même plus leur droit à un environnement sonore de qualité.»
Certains membres du R.Q.C.B font pression sur les différents paliers du gouvernement afin d’obtenir une réglementation plus sévère sur le contrôle du bruit.
Dans les écoles, on a déjà pris conscience des problèmes de concentration et d’apprentissage générés par le bruit ambiant.
Maintenant, plusieurs enseignants installent des balles de tennis sur les pattes des chaises et des pupitres de leurs élèves afin de diminuer le vacarme qui règne dans les classes.
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