J’admire ceux qui sont capable de fouiller dans des bennes a ordures des épiceries, pour rescaper de la nourriture encore potable ..Moi juste le fait que ce soit ramasser dans une poubelle même si elle serait propre j’ai un blocage .. Cependant, il est clair que ces gens nous met en pleine face tout ce gaspillage .. au lieu d’aller dans des centres d’entraides, des refuges ..
Nuage
Des tonnes de nourriture aboutissent à la poubelle
Jeanne trie les denrées récupérées dans un conteneur derrière une épicerie du centre-ville.
PHOTO NINON PEDNAULT, LA PRESSE
STÉPHANIE VALLET
La Presse
Moisson Montréal n’arrive à répondre qu’à 65 % des demandes de ceux qui ont du mal à remplir leurs assiettes, mais les poubelles sont remplies de denrées encore consommables. Un gaspillage qui se chiffre à près de 27 milliards de dollars par année à l’échelle canadienne. Il s’agit d’un véritable enjeu du XXIe siècle, selon un rapport des Nations unies, qui montre qu’un tiers des aliments produits dans le monde est perdu ou gaspillé. Le principal coupable: nos habitudes de consommation. Certains citoyens ont décidé de s’attaquer au problème.
En anglais, on les appelle freegans ou dumpster divers; en français, gratuivores ou glaneurs alternatifs. Ces «gastro-écolos» ont un mode de vie alternatif qui consiste à consommer ce qui est gratuit et à créer des réseaux qui facilitent ce choix pour dénoncer le gaspillage alimentaire. Loin d’être marginal, le mouvement fait de plus en plus d’adeptes – dans le monde et à Montréal.
Maya, Jamie, Jeanne, Juliette, Lydie et les autres vivent en colocation à la Coop sur Généreux, créée il y a 10 ans par des étudiants de McGill. Ils ont les moyens d’acheter leur nourriture dans les supermarchés, mais ils ont choisi de se nourrir de ce qu’ils trouvent dans les poubelles des épiceries, des fins de marchés et des dons des invendus des commerçants.
Une ruelle du centre-ville, 19 h. C’est l’heure d’aller chercher à manger. Juliette nous donne rendez-vous devant les portes d’un supermarché du centre-ville. Mais c’est dans la ruelle, derrière l’épicerie, qu’elle remplira ses sacs de nourriture. Elle se sert à même la benne à ordure: pain, parmesan, fromage à la crème, beignes, céréales, fruits, légumes, etc.
«Généralement, on récolte trop de choses. Alors on partage via des réseaux sur Facebook et on fait des soupers. Il y a quelques semaines, on a trouvé 10 caisses de produits aux boîtes à peine endommagées: des mouchoirs, du papier de toilette, des pâtes, des céréales», précise Juliette.
Le budget mensuel consacré à l’alimentation des 12 colocataires de la Coop sur Généreux est d’environ 90 $, soit 525 $ de moins que le budget moyen des ménages québécois. Avec cet argent, ils n’achètent que des produits qui se font rares parmi les ordures, comme le café, la farine, le sucre ou le lait.
«Je ne suis pas allée au supermarché depuis six ans», lance Lydie. «Je refuse de payer 3 $ pour un melon qui a été cueilli pas encore mûr en Arizona et qui a mûri dans un cargo. En plus, je n’ai pas les moyens de manger ce que je voudrais, des choses fraîches et de bonne qualité, alors je fais les fins de marché, les poubelles de supermarché. On y trouve de tout: des fruits et des légumes frais, du pain de bonne qualité, des pommes de terre, des pâtes, des sauces. On récupère aussi de la viande, du fromage, des oeufs, etc.», précise-t-elle.
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Marché Jean-Talon, 21 h. Lydie et Joe sont au marché Jean-Talon pour récupérer des fruits et des légumes. La Coop sur Généreux bénéficie d’une entente avec des fruiteries du Plateau Mont-Royal pour récupérer leurs invendus, mais les 12 bouches à nourrir écoulent très rapidement les denrées rapportées. Après avoir récolté une bonne quantité de poivrons, de courges, de carottes et un grand cageot de choux, Lydie et Joe nous interpellent lorsqu’ils découvrent le contenu d’une autre benne. «Oh, mon Dieu! Venez voir ça!» Le conteneur est en effet rempli à ras bord de tomates cerises. Après inspection, seulement quelques tomates sont bonnes à envoyer au compost dans chaque contenant en plastique. Le tri sera rapide et la récolte inespérée pour Lydie et Joe.
Depuis presque cinq ans, Charles-Antoine Crête, chef du Toqué!, donne partout dans le monde avec Normand Laprise une conférence intitulée «Cooking from Scrap» («cuisiner à partir de retailles», en français).
«Les retailles sont une invention récente, tout comme le gaspillage. On ne les exploite pas pour être dans le coup, mais plus par respect du produit. Je vais souvent au marché à l’heure des poubelles, parce que je trouve ça fascinant de voir ce qui s’y passe. J’y rencontre des gens ayant un moindre revenu, mais aussi des gens avec des lunettes Louis Garneau. Récupérer le fruit du gaspillage n’est pas propre à une classe sociale: c’est une question de sensibilité», explique le chef du Toqué!
«La semaine où la saison des framboises du Québec commence, celles de la Californie se vendent à 99 cents et restent invendues. Alors les commerçants prennent tout, les cartons, les plastiques et les framboises, pour les mettre directement dans les poubelles», poursuit-il.
«Les conteneurs sont fermés, très haut, et vidés deux fois par jour. C’est totalement hypocrite: ça ne fait que cacher le gaspillage! Regarder des poubelles pleines de nourriture, je trouve ça débile mental! Une tache sur la laitue, une carotte à deux pattes et c’est à la poubelle!», ajoute M. Crête.