Ainsi, la biodiversité sélectionne naturellement les individus aptes à vivre et se reproduire dans un milieu donné. Et élimine les autres. Pourtant, s’il est difficile d’imputer aux différentes espèces animales la moindre part de responsabilité quant à leur destinée, il n’en va pas de même pour l’humain qui possède la connaissance de ce processus. Ainsi, il est délicat de reprocher à un volatile de ne pas avoir survécu à une vague de froid, mais moins à un automobiliste d’avoir confondu sa Twingo et une Formule 1. C’est toute la différence entre un canard et un connard.
Par exemple, un sondage réalisé à l’approche du réveillon du nouvel an nous apprend que près d’un automobiliste sur deux a prévu de conduire sous l’emprise de l’alcool. Une occasion inespérée de se débarrasser définitivement d’individus assez stupides pour mettre en péril leur vie, et celle des autres, pour quelques verres de mousseux. Ainsi, il serait souhaitable qu’un décret autorise la conduite en état d’ébriété et abolisse toutes les limitations de vitesses pour la nuit de la Saint Sylvestre. Déconseillant dans le même temps à toute personne sensée d’emprunter les routes durant cette période, la mesure aurait pour effet immédiat de se débarrasser de bons nombres de chauffards au comportement (auto)destructeur.
De plus, les images de véhicules encastrés et de corps décharnés en ouverture du journal de 20 heures offriraient une publicité gratuite et efficace pour une nouvelle campagne de la sécurité routière. Plus efficace que les slogans moralisateurs de publicitaires davantage inspirés lorsqu’il s’agit de promouvoir les capacités d’accélération du dernier bolide à la mode ; de gagner leur vie au risque de la faire perdre à d’autres.
Une solution aussi radicale que libérale qui responsabiliserait l’usager de la route en lieu et place de l’infantiliser à base de « fais pas ci, fais pas ça ! ». Une occasion de fournir des organes aux patients en attente de donneurs (excepté pour le foie, bien entendu). En attendant que les diverses mutations génétiques dotent l’être humain d’une faculté plus élevée à assimiler l’éthanol, d’une meilleure protection contre les chocs à grande vitesse, et d’une plus grande résistance à la connerie ambiante.
Guillaume Meurice
29/12/2012