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Féministe? Parce qu’il le faut bien.

Publié le 24 novembre 2012 par Laroberouge @hocinisophia

Je m’étais pourtant promis de ne jamais vous faire partager de musique ici, mais je m’en vois obligée face à la recrudescence du phénomène donc je vais vous parler et qui fait se dresser mes cheveux.
Comme si cela n’était pas déjà assez difficile pour les femmes aujourd’hui, j’ai récemment trouvé une perle sur YouTube.

Liza Monet, une bimbo sortie d’on ne sais où, qui se lance dans la chanson française et qui nous sort ce clip très poétique et très recherché qui est « My Best Plan ». Comme le titre le suggère, vous l’aurez compris, elle fait l’apologie des performances de son amant, de manière disons, déroutante. Là n’est pas là le problème premier, ce qui m’outrage plus que tout ce sont les paroles particulièrement crues et qui occultent totalement les règles de la décence. J’étais déjà très choquée d’entendre toutes ces paroles que l’on peut entendre dans les chansons que l’on entend quotidiennement à la radio et que tout le monde fredonne allègrement, mais ici en l’occurrence je le suis d’autant plus car le coup vient d’une femme. Nos mères, nos grand-mères, nos tantes, nos voisines se sont battues pour un certain nombre de droits et les voir ainsi bafoués en l’espace de quatre minutes c’est tout simplement ulcérant.

Outre le texte très profond et le niveau très élevé du français utilisé sur lequel je passerai afin de ne point m’ouvrir les veines avec le stylo à bille qui se trouve juste à côté, cette jeune femme contribue à cautionner tout le discours sexiste et misogyne que l’on entend au quotidien. Un discours très violent puisqu’il y a un passage où elle dit je cite: « Crache sur moi , baise-moi, étouffe-moi », (l’un des passage les plus « light » de la chanson je tiens à préciser, mais pas des moins grave). Mademoiselle, je m’adresse directement à vous: êtes vous seulement consciente de ce que vous dites? Des femmes sont victimes au quotidien de viols, des viols conjugaux aussi dont on oublie de parler trop souvent, où justement la sexualité de ces femmes est réduite à un acte de violence inouï. Croyez-vous que que se faire étouffer et cracher est digne d’un être humain?
Le combat des femmes depuis des siècles et d’être reconnues comme des personnes, ayant les mêmes droits et la même reconnaissance que les hommes, or, tous les jours il y a ce sexisme quotidien, qui réduit les femmes à de simples objets de désir, réduites à une simple fonction reproductrice.
Et cette dévalorisation passe en effet par la chanson, j’ai sélectionné ici pour vous un petit florilège pour vous faire prendre conscience de l’ampleur de la situation et de notre devoir de réagir.
Vous avez d’abord Colonel Reyel qui chante par exemple « Toutes les nuits ». Chanson dans laquelle où il s’adresse à la jeune fille qu’il courtise et il s’adresse à elle en ces termes : « toutes les nuits je pense à toi, toutes les nuits je rêve de nous deux ». Ce monsieur donc croit pouvoir séduire son amie en lui disant que le seul moment où il pense à elle c’est la nuit venue, on se demande pourquoi.
Ensuite vous avez Booba, on monte un petit peu plus sur l’échelle de la vulgarité et de la misogynie, dans la chanson « Pourvu Qu’Elles M’Aiment », on peut entendre la phrase suivante (encore une fois, pour les âmes les plus sensibles, j’ai pris la réplique la plus « light », et donc en voici un extrait « Lâche-moi ton Phone-Tel, j’n'ai pas le temps de parler, mais qu’est-ce-qu’elle est bonne elle ». Je vous laisse reprendre un petit peu votre souffle. C’est bon vous y êtes? Voilà, alors le problème: à force d’entendre tous les jours parler ainsi, les jeunes ont l’impression que c’est normal, et très souvent dans la rue, on affaire à de jeunes gens qui viennent vous aborder de cette façon et qui réagissent de manière très violente lorsque vous les ignorez parce que justement ils ont l’impression qu’il est normal de parler aux femmes ainsi. Bien sûr c’est ce qu’il entendent tous les jours!
Et pour finir (et surtout pour passer sur les très nombreux autres exemples tous plus désappointants les uns que les autres), la palme d’or de la chanson française sexiste, que j’attribue à Orelsan dont le titre n’est autre que « Sale Pute ». On s’accordera à dire que là aussi, c’est très recherché et très intelligent. Bref, pour ce texte c’est simple (et j’ai honte de qualifier cela de « texte »). Il n’y a pas une phrase qui ne soit pas vulgaire et/ou violente. Je vous laisse en juger par vous même.

Nous avions déjà beaucoup à faire avec le problème de l’accès répandu au contenu à caractère pornographique, mais si même le milieu artistique se met à donner une image aussi abjecte de la femme, je ne sais comment on pourra aller dans le bon sens. C’est toute l’éducation qu’il faut reprendre car au jour d’aujourd’hui les jeunes garçons croient que les rapports femmes/hommes et les relations amoureuses se basent sur ce qu’ils voient, leur sexualité est débridée ne respectant plus la personne qu’ils ont en face d’eux. Et même, avant d’en arriver an stade de l’intimité il y a cette façon dont les hommes abordent les femmes. Les femmes sont en effet comme déshumanisées, elles sont perçues comme de simples objets, des objets de désir et rien d’autre. Et cette vision mène à ce que l’on voit au quotidien, cette violence verbale qu’on tait trop souvent et qui pourtant fait partie de la vie de toutes les femmes aujourd’hui. Cette semaine encore j’ai eu droit à la réflexion la plus violente jamais entendue. Je vous épargnerai du contenu très imagé et très intelligent des remarques.

Tout cela pour dire qu’il y en simplement assez de cette société qui au lieu de faire des progrès en terme d’égalité et de respect ne fait que régresser. Parce qu’aujourd’hui il y a une faille énorme dans le Droit des Femmes, dans la façon dont elles sont traitées. Parce qu’aujourd’hui il est intolérable que l’on ne puisse sortir en jupe sans se faire insulter ou sans écoper de remarques plus que dégradantes. Et que vous retrouvez ce genre de comportements même à l’Assemblée Nationale, lieu où théoriquement les gens sont censés y être un petit peu plus intelligents que la moyenne (Cf: le jour où Cécile Duflot a « osé » mettre une robe pour venir à l’Assemblée et que quelques semaines avant elle a été critiquée pour avoir « osé » porter un pantalon). Ce qui est d’ailleurs totalement paradoxal, il y a quelques décennies, les femmes se battaient pour avoir le droit de porter un pantalon, aujourd’hui, lorsque vous portez une jupe, vous êtes une traînée. N’oubliez pas que la journée de la jupe est très bientôt d’ailleurs: 28 novembre, retenez cette date. Notez aussi qu’un article d
Il faut que tous autant que nous sommes, nous rejetions de manière très ferme toutes formes de violence quelle que soit sa forme parce qu’elle contribue à exacerber l’aliénation toujours aussi présente. Et surtout parce qu’il faut que la société cesse de voir les femmes comme une enveloppe avec des courbes, une paire de fesses et une paire de seins.
Et surtout Mesdames, arrêtez de vous dénigrer les unes et les autres, la tâche est déjà assez compliquée comme cela.

Féministe? Parce qu’il le faut bien.
A tantôt tout le monde!

La Robe Rouge



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