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Max | Vive la jeune et folle vieillesse !

Publié le 04 janvier 2013 par Aragon

mens-sana-in-corpore-sano.jpgFinalement y'a qu'entre cinquante et soixante balais qu'on se met la rate au court-bouillon à propos de l'âge et du temps. Avant et après on n'y pense pas ou plus. Cette tranche d'âge là c'est un peu comme une barrière de corail qu'il faut franchir venant en pirogue de haute mer pour entrer dans un lagon sans passe, j'ai vu ça en Polynésie. Dur dur !!!

Je dis ça en entendant bien sûr mens sana in corpore sano car si le corps et l'esprit ne suivent pas c'est une autre paire de  manches. Le temps fuit et on n'a aucun pouvoir (actuellement) pour l'arrêter.

T'es donc entré dans le lagon à soixante balais et la vie sereine commence. Et que vois-tu ?

J'ai vu deux phénomènes sur des pirogues à côté de la mienne. Deux extraordinaires phénomènes ! Robert Hirsch et Michel Bouquet. Tous les deux sont nés en 25, ils vont donc peinardement sur leurs quatre-vingt-huit printemps !

Pour tous les deux une vie de travail... de travail... de travail... encore du travail car rien n'est acquis, tout est travail, labeurs modestes, belle ouvrage, du cinéma et du théâtre, de la modestie et du génie, puis la gloire, la reconnaissance, des "César", des "Molière"...

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A trois pas du plateau j'ai vu jouer Hirsch en décembre dernier au théâtre Hébertot à Paris. Une pièce de Florian Zeller mise en scène par Ladislas Chollat, "Le Père" avec entre autres à ses côtés la franco-québécoise Isabelle Gélinas. C'est une farce tragique sur la vieillesse, le combat mené contre elle, puis, son acceptation. Hirsch est absolument phénoménal. Le voir jouer ainsi m'a bouleversé, m'a donné envie de vivre les trente prochaine années qui se présentent à ma propre porte, m'a rendu fier de "faire" du théâtre. (Parenthèse : Pendant mon escapade parisienne de décembre j'ai pu aussi passer par l'Odéon et voir Bruno Ganz (soixante-treize ans cette année, un jeunot par rapport à Hirsch mais quand même !) interpréter de façon toute aussi incroyable la formidable pièce de Pinter "Le Retour")

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Et puis j'ai vu hier Michel Bouquet dans le "Renoir" de Gilles Bourdos. Bouquet est sur la brèche depuis 1944. Des centaines de prestations au théâtre et au cinéma.  Je vous engage à courir, oui courir de toute urgence voir "Renoir". Marre de voir des films aussi beaux les uns que les autres. Encore "un des plus beaux films de tous les temps". Non, je déconne quand je dis "marre", mais c'est vrai que je vois plein de chefs-d'oeuvre en ce moment. En plagiant Lacouture je dirais que voir jouer Michel Bouquet dans "Renoir", c'est comme avoir vu toréer Manolete ou vu jouer Vladimir Horowitz. On peut mourir après.

Robert Hirsch, Michel Bouquet, merci. Vous filez la pêche à des milliers et des plus que milliers de cons de soixantenaires comme moi qui sont entrés dans le lagon et se disaient l'instant d'avant que la vie était finie. Je me rends compte aujourd'hui que tout commence quand on entre dans ces eaux-là.

Soixantenaire mon ami si le mot "vieux" te fait chier, écourte-le, rogne-lui les deux dernières lettres et remplace-le par le mot "Vie". Hirsch et Bouquet sont incroyablement et magnifiquement debout. C'est ça la vie. Rester debout jusqu'au bout.


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