Ce titre vous étonne peut-être. Un arbousier, ça pousse tout seul. Dans la nature c'est vrai. Il pousse comme il veut, comme il peut, et personne ne vient discuter sa méthode. Dans le jardin, c'est autre chose. On n'en a qu'un, on veut qu'il produise bien, qu'il soit beau, et qu'il vive longtemps.
Je suis une mauvaise jardinière. Mais ça va changer. J'adore les plantes, les sauvages et les cultivées. Je les admire, je les photographie. Mais jusqu'à présent je n'ai pas assez étudié les besoins et le mode de vie des peu connues et j'ai eu des échecs : plantes vendues à l'unité qui sont autostériles, besoins non précisés, comportement non expliqué, prédateurs occultés, etc.
Ce matin, j'ai découvert le principal problème de Arbutus unedo grâce à l'émission Silence ça pousse sur France 5. Et j'ai pu constater sur pied et sur photos que c'est vrai.
Arbutus unedo est une Ericaceae et cette famille a la particularité d'avoir des racines beaucoup moins étendues que la partie aérienne. Cela peut avoir des conséquences graves pour un arbuste de grande taille ou un arbre. Ces racines ne peuvent le maintenir vertical.
Les conséquences sont évidentes sur le grand arbousier du Jardin des Plantes. Il s'est couché avant de repartir verticalement :
J'ai planté deux Arbutus unedo à Romilly. Ils sont très jeunes et le problème ne se pose pas encore mais il est à prévenir. Celui de Veneux est beaucoup plus vieux. Je l'avais planté correctement, au sommet d'une butte en plein soleil à la limite sud du terrain. Et je ne m'en suis plus occupée. Il ne reçoit plus assez de soleil parce qu'un hêtre majestueux a envoyé des branches qui lui coupent l'accès au soleil. Il a été envahi par des ronces et par des expansions d'une glycine. Et il est en train de se coucher et s'il se couche davantage, ce sera une catastrophe parce qu'il est au bord de la butte :
Les ronces sont toujours là. Je les avais coupées et elles ont repoussé de plus belle en plein hiver ! Je ne les arrache pas parce que je veux les transplanter à Romilly. J'adore les mûres sauvages et mes tentatives avec les mûres cultivées ne m'ont pas satisfaite sur le plan gustatif. Mais pour les planter à Romilly, je dois leur préparer une zone adaptée où je pourrai les contrôler. Avec la perte des feuillages caducs, j'y vois mieux et j'ai découvert qu'il est encore traversé par une branche de glycine.
Au printemps il n'aura plus de ronces ni de glycine envahissante. Je ferai élaguer le hêtre pour qu'il revoie la lumière. Mais que faire pour l'empêcher de s'effondrer ? Je vais sans toute l'élaguer un peu, cela lui permettra de s'étoffer. Surtout je vais utiliser le tronc du hêtre comme tuteur auquel l'attacher. Sur cette photo le tronc du hêtre est à l'extrême droite, couvert de lierre. Le tronc d'un arbuste un peu moins à droite est celui d'un fusain d'Europe spontané. Il y en a beaucoup à Romilly mais l'installation de quelques fusains à Veneux est très récente, sans doute des semis d'oiseaux à partir de la forêt proche.
A Romilly, un des arbousiers, planté au sud près d'un saule poussera selon son bon plaisir, il sera facile de le faire soutenir par le saule. L'autre est loin de tout arbre, je l'élaguerai selon les besoins pour qu'il n'envoie pas de branches trop horizontales loin du tronc. Les voici avec leur protection anti-chevreuils. La vie d'un arbousier n'est vraiment pas facile.