En cette période de voeux, où l'on se souhaite toutes sortes de bonnes choses idéales, la santé, le bonheur, la réussite dans les projets etc., je me suis remémoré cette réflexion de Gilles Clément : "Le jardin idéal ? C'est celui qui rend le jardinier heureux".
Et d'abord, qui est Gilles Clément ? Jardinier, il est à l'origine du concept de "jardin en mouvement". Qu'est-ce qu'un jardin en mouvement ?
Je reprends ses propres mots : "Le Jardin en Mouvement s’inspire de la friche : espace de vie laissé au libre développement des espèces qui s’y installent".
On conçoit tout de suite que le jardin de Gilles Clément n'est pas un jardin à la Le Nôtre, c'est même tout le contraire d'un jardin "dessiné", bâti sur des volumes géométriques, des perspectives savamment ouvertes etc. Les mots essentiels : c'est un "espace de vie" laissé au "libre développement" des espèces qui s'y installent et, en quelque sorte, y voyagent. Car s'il y a mouvement, c'est qu'il y a un déplacement physique, qui vient de la dynamique des espèces sur le terrain. Loin de contrecarrer cette dynamique, on fait avec. Autant dire que ce jardin, on sait quand il commence, on ne sait pas quand il finit.
"Dans ce genre d’espace les énergies en présence - croissances, luttes, déplacements, échanges - ne rencontrent pas les obstacles ordinairement dressés pour contraindre la nature à la géométrie, à la propreté ou à toute autre principe culturel privilégiant l’aspect. Elles rencontrent le jardinier qui tente de les infléchir pour les tourner à son meilleur usage sans en altérer la richesse."
J'en reviens aux voeux. Je trouve que l'image de ce "jardin en mouvement" est une belle illustration de ce qu'est la vie, des énergies qu'elle recèle, et invite à une réflexion à portée philosophique, humaniste, sur le rôle de l'homme qui, tel le jardinier de ce jardin, est appelé à réaliser dans sa vie au fil du temps un travail d'équilibrage entre l'ombre et la lumière...
Bien sûr on n'empêchera pas les idées bien ancrées de refaire surface à un moment ou l'autre. La question revient donc : oui, mais quel est le jardin idéal ? Quelles espèces, disposées comment, selon quel dessin ?
J'aime cette réponse : "Le jardin idéal ? C'est celui qui rend le jardinier heureux".