Nous quittons peu à peu le lac TITICACA péruvien pour le bolivien.Même douceur près de ses rives. A la frontière nous retrouvons Liza et Ruppert avec leur 800GS, les jeunes anglais qui étaient avec nous sur le Stahlratte. Ils passent juste en Bolivie pour rejoindre le Chili.Toujours un ciel très bleu et les femmes avec leurs jupes multicolores gonflées et leurs blouses brodées, pour adoucir l'austérité des hauts plateaux et de leurs habitats. Nous faisons une halte sur l'Altiplano sur le site de TIWANAKU : Civilisation pre-Inca qui s'étend de 1500 av.J.-C. à 1100 après J.-C. En fin d'après midi, nous arrivons à la PAZ , la capitale la plus haute du monde, depuis les hauteurs à 4060 m, où vivent les plus pauvres qui glorifient leur héros le moins académique: Le CHE.
Nous roulons doucement, impressionnés, en surplombant ce canyon qui s'étend jusqu'à près de 1000 m sous nos roues, entouré par les glaciers Illimani, Mururata et Huyuni. Ici c'est le contraire de Panama c'est en déménageant dans un quartier toujours plus bas où l'on respire mieux que l'on monte dans l'échelle sociale.Mais nous n'irons pas visiter les jardins des mieux lotis à 3000 m et nous dormirons à 3600m dans le centre bruyant et populaire près de la Plaza SAN FRANCISCO.Cette place pullule. Une vrai cacophonie. Spectacles de rue, musiciens, manifestations civiques (aujourd'hui c'était la croix rouge bolivienne), groupes évangélistes, rassemblements politiques, mouvements d'étudiants ou de personnes âgées ...L'espérance de vie en Bolivie est de 60 ans pour les hommes et de 63 ans pour les femmes...et la retraite à 65 ans! Si on atteint cet âge auguste les soins médicaux sont gratuits! Egalement des guérisseurs par les plantes, herbes médicinales crient à tue- tête dans des hauts parleurs : nous avons souvent vu ça dans d'autres pays sur des places publiques. Nous dormons dans la rue Linares ou la rue des sorcières. Ici dans la plupart des boutiques en plus des bonnets , des chaussettes , des pulls en Alpagha ou en fausse laine du pays on trouve toute sortes d'objets nécessaires aux rites mystico- religieux, entre autre beaucoup de petits fœtus séchés de lama . Des ventes d'ingrédients au pouvoir magique permettent aux indiens" Aymara"( qui représentent plus de la moitié de la population ) de se soigner sans l'aide du médecin ou de s'attirer la Barraca.Dans la ville à chaque carrefour des crieurs de journaux et surtout des dizaines de minibus qui défilent sans arrêt avec des gamins qui crient pour interpeller les passants et solder les prix des places restantes (comme à Lima St Cristobal, St Cristobal, St. Cristobal...)Après une visite-bus -arérée sur les hauteurs, où nous évitons tout le long , au- dessus de nos têtes, l'inextricable réseau électrique, nous baladons à pied et visitons entre autre le musée national d'art près de la place Murillo un des plus beaux bâtiments de la cité.
Nous continuons sur l'Altiplano en direction d'Oruro.Nous avions vu il y a 18 mois au festival des globetrotteurs d'Avignon un film sur le carnaval d'ORURO chef d'oeuvre du Patrimoine oral et immatériel de l'Humanité. Avant tout Oruro est une ville minière. La Bolivie renferme d'énormes richesses minérales et pourtant une majorité de la population est pauvre. Le matin de bonne heure, à 3800 m d'altitude, où il fait moins de 0°, les mineurs descendent à 400 m sous terre où il fait très chaud et très humide au fond des boyaux et où les attendent un travail très dur. Le mineur bolivien vit presque autant sous terre qu'à l'air libre.Son père vivait déjà ainsi et son fils a de grande chance (ou malchance) de faire de même! Les femmes à l'extérieur passent leurs journées agenouillées sur les tas de débris rocheux pour récupérer les morceaux qui contiennent encore du minerai. Ce qui permet d'améliorer un peu l'ordinaire dans la famille. Cette vie triste et pénible s'éclaire au moins une fois dans l'année pour le CARNAVAL. Déjà une semaine avant Mardi-Gras toute la population participe aux festivités: concerts , banquets, défilés, groupes folkloriques, rites religieux et populaires...en s'abandonnant corps et âme pour exorciser leur douleur et celle de leurs ancêtres.
Sur des kilomètres la route minérale , scintillante sous le soleil annonce déjà "le CERRO RICCO "la montagne riche "ou "montagne d'argent " que l'on exploite depuis 500 ans .
Entièrement ocre et imposante elle offre sa beauté avant sa richesse quand on arrive .Du temps des incas elle était intégrée à l'empire de Cuzco (Pérou). Quand les espagnols découvrirent cette mine d'or mais d'argent ils commencèrent à l'exploiter et créèrent la ville de POTOSI (qui signifie fontaine d'où coule l'argent en quechoua) qui s'étiole à ses pieds avec les plus beaux vestiges de l'art colonial espagnol du continent. La maison de la monnaie installée à Lima fut transférée à Potosi et on y frappa entre autre, les pièces de monnaie à l'effigie des rois d'Espagne.
La ville devint une cité opulente , l'El Dorado, qui attirait beaucoup de monde. Bien sur cette pléthore de richesse engendra tous les abus. Les espagnols faisaient travailler les indiens dans les galeries et repartaient dans leur pays avec une fortune colossale. Beaucoup de conflits , de guérillas entre espagnols , créoles et indiens et le tarissement des filons d'argent aidèrent à son déclin.Mais riche également en étain la montagne fait encore aujourd'hui vivre de nombreuses familles de la région. Actuellement les hébergements de la ville offrent la possibilité pendant quelques heures de visiter la mine.
C'est ainsi qu'on peut voir chaque matin dans les rues extrémement pentues de cette petite cité à 4000 m d'altitude de jeunes touristes affublés de la tenue de mineurs . ils sont en général secoués et ravis par cette expérience.
Le dimanche matin nous partons avec Marcellino , un chauffeur de taxi, à l'assaut (extérieur)de la montagne magique. Quelques mineurs sont présents à la buvette du coin. En les rencontrant c'est très facile d'imaginer leur vie. Ils vivent plus bas avec leur famille dans des maisons toutes semblables comme .
celles des corons.
.Marcellino nous demande si on peut envoyer à son adresse des vêtements chauds pour leurs jeunes enfants. nous échangeons nos emails et nous allons déguster dans un petit resto du quartier une spécialité de Potosi: La CKALAPHURKA.: mais, patates, petits pois , un peu de Chicharon et de viande . Une pierre noire est glissée à l'intérieur de l'assiette en terre pour garder la chaleur et faire frémir la soupe sur la table . Piment rouge pour colorer et faire transpirer.
.Mais du petit cochon bien grillé, cuit sur le grill avec carottes, oignons et herbes sur la grand' place c'est pas mal non plus . Christian toujours impatient est capable d'y faire la queue ...un peu. Nous visitons chaque jour le patrimoine ecclésiastique, la maison de la monnaie avec ses effigies, ses pièces , ses balances ...et le plus emblématique des tableaux: "la vierge de la montagne". Nous assistons aussi au défilé annuel carnavalesque de tous les établissements scolaires du primaire au secondaire: accompagnés de fanfares de cuivres ou de tambours tonitruants, les enfants et adolescents ont des déguisements rappelant l'histoire de leur pays: mythologie, indigènes, esclaves noirs amenés d'Afrique pour travailler dans les mines...et dansent sans arrêt sur 1000 m de dénivelé.
Arrivée à SUCRE, après une route toujours magnifique, où malheureusement avec le diesel ,en altitude, les camions polluent un maximum . La ville est en effervescence c'est bientôt le 25 de Mayo, la fête nationale, et toutes les façades sont relookées vitesse grand V. Les fanfares s'essayent une dernière fois place Bolivar.Les monuments anciens attestent l'importance politique et culturelle de cette ville pendant la période coloniale et jusqu'à la fin du XIX ème siècle. Aujourd'hui elle reste la capitale historique de la Bolivie mais les institutions politiques et législatives sont plutôt représentées à la Paz. Sucre est une ville blanche et ocre. Aucun gratte- ciel ne vient déranger l'harmonie des lignes sobres et claires de ses clochers. Et il est infiniment agréable de s'y balader et de pénétrer dans ses patios .
Nous adorons les marchés en général mais celui de Sucre est exceptionnel. Nous nous y gavons de fromage de chèvre et quel plaisir des yeux à tous les étages ! Autour des femmes indiennes des montagnes de .fruits et de légumes, d'épices, de grands sacs de pommes de terre...
.Nous découvrons par hasard près de la grand'place une tienda-resto "Le Petit Parisien" tenu par un français Christian ( copié collé de Patrick Day un de nos amis) et une Bolivienne Ana. L'endroit et les tenanciers nous plaisent bien et nous y dégustons notre deuxième fondue savoyarde du voyage avec du vin bolivien de la région de TARIJA. Ses vignes à 2000m sont les plus hautes du mondes.
Un petit clin d'œil à notre pays: le parc Bolivar décline la France avec une mini tour Eyffel et un arc peut être de triomphe? Nous écourtons notre visite au festival du chocolat ...
cheval en chocolat
nous avons déjà eu trop de plaisir aujourd'hui. Ça peut être fatal à nos âges surtout que demain nous repartons planer à 4000 m pour aller à UYUNI. Les routes en Bolivie sont vraiment époustouflante par leur beauté, leur pureté, leurs couleurs, leur relief, leur végétation, leur faune, leurs habitants et leurs maisons traditionnelles en terre et toit de chaume...Nous nous arrêtons sans cesse pour regarder le paysage mais aussi les lamas, les alpagas, les vigognes, les condors, les faucons ...A près de 4000m entre autre le Kishuara l'olivier sauvage des incas arrive à vivre...Nous croisons en chemin deux cyclistes Australiens Dylan et Daniel qui pédalent depuis l'Equateur et deux motards autrichiens Martin et Sébastien qui font tout simplement un tour du monde avec leur KTM! C'est toujours réjouissant et enrichissant ces rencontres .Ces inconnus au bout de cinq minutes nous deviennent familiers parce qu'on parle des mêmes choses, vécues différemment , mais avec la même intensité. Le dernier voyageur biker que nous rencontrons aujourd'hui est français , s'appelle José , habite l'Estaque (Marseille), semble échappé d'un film de Guediguian ave l'accent...et connaît des gens qu'on connaît! Inouï!
Le SALAR D'UYUNI nous le découvrons avant d'arriver, sur la piste . La plus grande croûte de sel du monde (10 582 km²) , résultat de l'assèchement d'une mer intérieure qui occupait il y a environ 10 000 ans une grande partie de l'Altiplano, est complètement insolite et irréelle avec cette lumière de fin de journée. Quand nous la voyons de plus près le lendemain le charme n'est pas perdu mais décuplé. Par je ne sais quel effet de réverbération on a l'impression que les montagnes des alentours flottent dans les airs. Le bleu du ciel et son reflet dans cette étendue accentuent l'immensité...Le Salar est formé d'environ onze couches de sel, dont les épaisseurs varient entre deux et dix mètres.
La quantité de sel est évaluée à 64 milliards de tonnes. On y trouve également du lithium, potasse, bore et magnésium. Après une heure de traversée nous arrivons à INCAHUASI une oasis de cactus géants . Nous posons sur le sel pour des photos trompe l'œil comme tous les pinguoins! L'hôtel et son mobilier de sel sur l'étendue , près du village de Colchani malgré son insolite beauté ne me fait pas regretter notre petite auberge douillette.
Dans la soirée ,après le coucher du soleil il fait vite 0°.Au petit marché de nuit où les "cholas" ignorent le froid , enrobées de couvertures bariolées sur leurs habits traditionnels ,nous achetons bonnet péruvien et gants de laine. En marchant sur la voie ferrée comme des Cow Boys pour aller voir le cimetière des trains nous comprenons pourquoi le petit cochon grillé a une telle saveur!
Au milieu des vieux wagons et des tas de ferrailles nous errons enchantés comme des enfants.
TUPIZA est notre dernière étape dans ce pays . Nous descendons un peu en altitude . Les troupeaux de caprins remplacent les lamas . La chaleur enfin retrouvée nous fait lazarder dans les rues de Tupisa, Entourée de massifs rouges et ocres cette petite ville nous fait penser à Tafraoute une cité marocaine. Nous y préparons la frontière Argentine mais sans oublier d'acheter quelques savoureux fromages de chèvre au petit marché central. Palabres avec 4 jeunes motards argentins à l'hôtel qui nous renseignent sur l'état des routes de leur pays.