Bon, je vais parler de ce que je connais. L’ile de la Réunion et la Guyane française, je ne vais rien dire concernant la Martinique, car, je n’y suis resté que 3 semaines et j’y étais en vacances, de plus en bonne compagnie.
Donc, deux territoires distants d’au moins 15.000 km, et qui se ressemblent comme deux gouttes de rhum agricole… Je ne parle pas topographie, mais mentalités importées par le France éternelle, métropolitaine et chauvine…
Ca commence comme ça…
L’arrivée : à St Denis de la Réunion. L’accueil c’est « j’te racket, sans le sourire en prime ». Je suis arrivé un 25 janvier. La route du littoral était fermée cause de houle violente. Je demande combien ça va me couter pour aller de l’aéroport à St Gilles les bains en passant par la montagne : 150 euros ! Trouvant le coup de bambou trop fort, je vais chez le loueur de voiture sur le parking. Pour 1 journée, avec les taxes d’aéroport à 70 euros, total : 120 euros + l’essence… Bien sûr il n’y a pas de bus, ou de navette.
Arrivé à Cayenne/Rochambeau. L’accueil c’est « j’te racket, sans le sourire en prime ». Entre l’aéroport et le centre ville, 13 km ; cout : 35 euros. Location de voiture : environ 60 euros la journée. Il n’y a pas de navette, et les horaires du bus numéro 13 qui part de Cayenne centre et qui dépose de l’autre coté du parking à l’aéroport reste introuvable. Même sur le site qui informe sur les bus, toutes les lignes y sont, sauf la 13… Pas étonnant donc, de voir dans ces deux endroits des chauffeurs de taxi qui se pavanent en grosses cylindrées allemandes ; j’en aie même aperçu 1 à Cayenne qui frimait avec une « Cayenne ».
Se loger : Sur l’ile de la Réunion si vous souhaitez louer une maison meublée pour vos vacances, ce sera entre 1.000 et 2.000 euros la semaine (ce sont les chiffres de 2009). Bien sûr à ce tarif il ne faut pas penser, à l’inverse de ce qui se fait dans les autres destinations lointaines avoir quelqu’un qui vienne vous chercher à l’aéroport, la Tv satellite, l’Internet et une femme de ménage. Non, tu payes, tu te démerdes et basta ou sinon « mi totoche aou ! » J’ai aussi tâté d’un gite rural à la Saline les hauts, meublé de résidus de meubles avec un accueil où, les Thénardier auraient fait figure de mère Theresa… Histoire d’être un peu positif, il y a l’hôtel de la plage à st gilles les bains qui est pas cher et en plus avec un bon accueil, à souligner que le patron est un métro… et il y a les gites ruraux de Cilaos, très bien avec des gens sympas.
A Cayenne, centre névralgique du département, un « studio » meublé n’est pas à moins de 250 euros la semaine, 700 euros le mois (18 mètres carrés). Mais ça peut aller jusqu’à 2400 euros ; ouais, 2.400 euros pour un mois dans un bled tel que Cayenne… Souvent, il manque le Wifi, ou ça ne fonctionne pas très bien, ou, il n’y a pas de machine à laver collective, ou pas de clim ou, la décoration est pourrie, et les ustensiles et équipements sont des fins de fin de série.
Et là, je n’ai rien de positif à annoncer, ni à Cayenne, ni à Kourou et encore moins à Maripasoula.
Se nourrir : En commun entre St Denis de la Réunion et Cayenne de Guyane, des « restaurants » qui servent de la cuisine d’assemblage infâme et à des prix tout aussi infâmes. Les « camions bars » sont à la Réunion l’endroit où on bouffe, bien gras et en plus en picolant sec. Ceux qui aiment les atmosphères glauques se bâtiront des souvenirs. Ne parlons pas de « l’ambiance » le soir dans ces deux capitales provinciales. RIEN ! Dès 20 heures, tout le monde est bouclé devant sa télé. Reste plus que quelques épaves indistinctes qui déambulent. Le petit + de Cayenne est tous ces junkies qui dès la nuit tombée se baladent bourrés de crack ou autres joyeusetées. Faire très gaffe de ne pas se balader dans des rues sombres après minuit.
Concernant les fruits et légumes. Pour les fruits la Réunions est bien approvisionnée… Mais à des prix métropolitains. Des mangues + chers sur place qu’à Paris. Les légumes sont importés d’Europe et de Chine. En Guyane heureusement si j’ose dire, il y a les Hmong, venus s’installer dans les années 70 pour échapper aux communistes et aux khmers rouges. Ces gentils et travailleurs asiatiques fournissent à eux seul tous les marchés Cayennais. Les locaux à de rares exceptions sont bien trop fatigués pour se pencher sur le sol. D’où des prix hallucinants. 7 à 8 euros le kg de tomate. Même les avocats qui poussent comme chacun le sait sur de grands arbres, et où il ne suffit que de les cueillir ou de les ramasser sont à pas moins de 4 euros… Pas étonnant qu’en regardant la rue, les obèses soient légions. C’est du pareil au même dans l’océan Indien, ya des gros partout. Ne pas mentionner l’alcoolisme serait un vrai péché. 6 euros le litre de rhum blanc, alors que cela coute le triple en métropole. De voir de jeunes hommes qui dès 9 heures du matin s’arsouillent à petit coup de rhum sec me file la déprime. Il suffit de lire le Journal de l’Ile, ou France-Guyane le lundi matin, et on aura un résumé des violences alcoolisées du weekend. Meurtres, attaques au sabre, au couteau et ce sont les femmes qui trinquent le plus…
Et l’office de tourisme de ces deux « paradis » se gratte la tête en se demandant pourquoi il n’y a pas de touristes… Mais qui s’en préoccupe ? Les subventions tombent, tombent. Alors pourquoi se casser la nénette ?
Ces « danseuses » nous coutent de vraies fortunes annuellement. Car, il y a aussi la défiscalisation. Un truc d’évasion de capitaux (tout à fait légal), qui permet à des gens fortunés de France d’obtenir de super crédit d’impôts… Impôts donc, qui ne rentreront jamais dans les caisses vides de l’état. Cette défiscalisation a aussi des effets pervers sur place. A l’ile de la Réunion en roulant, on peut voir des parkings entiers remplis de véhicules, de tracteurs, de machines agricoles. Pourquoi ? Par un suréquipement car à force de financer des machines, elles sont devenues trop nombreuses, alors, que la capacité de production est restée la même. Un exemple : les coupeuses de canne à sucre. Il y a 15 ans, l’ile était sous équipée. Des investisseurs importèrent ces outils de coupe à 150.000 euros pièce. Des crédits furent accordés à tour de bras aux exploitants, tant et si bien, qu’aujourd’hui, 60% de ces coupeuses restent au garage, que les crédits ne sont plus payés et que les exploitants font banqueroute… Alors, qu’Il suffirait de proposer tout ces équipements à Madagascar, qui en a bien besoin. Faut savoir que les DOM TOM français par tradition, ne commercent jamais avec leurs voisins. JAMAIS ! Voir la Guyane qui ignore superbement le Brésil et ses 175 millions d’habitants et la Réunion qui s’en tape le coquillard de l’Afrique du Sud, de Madagascar et même de l’ile Maurice. Pourquoi cette attitude absolument contre productive et isolationniste ? Parce que ces DOM TOM representent des débouchés pour les produits manufacturés de la France métropolitaine. L’ile de la Réunion a importée pour 2,25 milliards en 2009, alors qu’elle n’a exportée que 150 millions… Je ne connais pas les chiffres Guyanais, mais a mon avis ça y ressemble. Contrôler l’économie depuis Paris, avec comme courroies locales pour les débouchés quelques familles collaboratrices (coucou le groupe Hayot !) IL ne reste plus qu’à mettre sous perfusion les populations pour les calmer : RSA, allocations diverses ; ce qui ne représente qu’une goutte d’eau dans l’océan des subventions et autres « aides ». En résulte une corruption généralisée, et une mentalité d’assisté. (Désolé si je « fais » du Sarkozisme primaire, mais, vu d’ici, c’est la réalité).
Il n’y a pas si longtemps, ces territoires d’outre mer représentaient aussi un réservoir de main d’œuvre à bas couts ; du low cost made in France. Le bumidom (Le Bureau pour le développement des migrations dans les départements d'outre-mer) de Guadeloupe, de Martinique et de la réunion, qui envoya par charter entier au début des années 70 des jeunes en général issus de familles défavorisées et souvent mal formés. D’où, cette pléthore de femme de ménage et autres poinçonneuses de ticket de métro, filles de salle dans les maisons de retraite et de manœuvres dans le bâtiment. Et dire que l’administration française leur avait promis de vraies formations pour apprendre de vrais métiers… Je ne vais pas revenir sur les « Enfants de la Creuse », des enfants de 10 à 15 ans qui dans les années 60 – 70 furent arrachés par des assistantes sociales à leurs parents et servirent à repeupler en particulier la région de la creuse. Ils venaient tous de la Réunion, et toutes et tous se retrouvèrent à torcher le cul des vaches au lieu d’aller à l’école…
Donc, on peut comprendre qu’il y ait un certain ressentiment envers la métropole encore aujourd’hui ; d’autant que ce n’est pas l’élite française qui vient s’installer dans ces territoires.
La seule industrie possible serait le tourisme, mais quant on voit l’exemple donné par la France métropolitaine en ce qui concerne l’accueil et les services réservés à ces pauvres 80 millions de touristes qui visitent le pays de cocagne. « La France un pays formidablement beau, dommage qu’il y est les français » disent-ils dans leurs jargons qu’aucun français n’est capable d’ailleurs de parler… Le français en général n’aime personne, même pas lui même c’est dire. Donc, nos braves « gaulois » des antipodes n’ont fait que copier le « maitre ». Bravo ! C’est une réussite totale! Ici aussi t’es reçu comme un chien (hot dog) dans un jeu de quille et t’as intérêt à la fermer, de payer le max pour obtenir le mini du mini… « « Et pis si vous n’êtes pas content, allez donc voir ailleurs ! M’arde na ! »
Alors, les natifs des DOM TOM pas si idiots que ça savent se caser dans une petite planque à la mairie, au département, à la région, au conseil général, chez les militaires, les flics, les gendarmes, l’administration et j’en passe… Les autres, ben, en cumulent, les allocs familiales, le RSA, et bien d’autres avantages non avouables, avec du travail au noir ben ça le fait ; et on roule carrosse, je n’ai jamais tant vu de grosses cylindrées qu’à la Réunion ; l’ile des 300.000 milles RMIstes…
Quant à la jeunesse, nombreuse, avec des familles de 4, 5 enfants, ben, j’ai le sentiment comme ex enseignant de ces deux territoires qu’il y a un vrai manque d’ambition. Que les parents, du moins de ce que j’ai vu, ne pousse pas tellement leurs progénitures vers l’excellence et l’ouverture sur le monde. Un exemple : une amie guyanaise vient chez moi avec sa fille de 12 ans, élève de 5ème. Nous discutons lorsque je mentionne la ville de Chicago.La jeune fille me regarde très étonnée, car, le seul Chicago à sa connaissance est un quartier très mal famé et très dangereux de Cayenne… Il a fallu que je trouve un atlas pour lui prouver le contraire. Récemment j’ai vu son bulletin trimestriel, elle se balade avec 16,5 de moyenne en histoire/géo… Et moi ça me laisse sincèrement rêveur, du rôle de formateur dont nous sommes soit disant les garants, nous les enseignants, quant aux parents… Vogue la galère.
Afin de conclure, il y a deux phrases que l’on entend souvent à la Réunion et en Guyane, et cela on vous le balance dans les dents dès que vous soulevez la moindre critique. On peut être exotique, cela n’empêche pas un bon chauvinisme bien tricolore, bien franchouillard.
« La Réunion ça se mérite ! »
« En Guyane on a besoin de personne, on est chez nous ! »
Ouais ! Sont bien des vrais franco-français, ya pas d’doute !
Georges Zeter/Janvier 2013
- Le Bumidom a été créé en 1963 par Michel Debré. Le Bureau pour le développement des migrations dans les départements d'outre-mer, ou Bumidom, fut un organisme public français chargé d'accompagner l'émigration des habitants des départements d'outre-mer vers la France métropolitaine.
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- Les enfants de la Creuse. Cet épisode de l’histoire française, très connu à la Réunion, est communément appelé l’affaire des Enfants de la Creuse ou des Réunionnais de la Creuse. De 1963 à 1982, 1 630 enfants réunionnais « abandonnés » et immatriculés à la DDASS furent déplacés par les autorités dans le but de repeupler les départements métropolitains victimes de l’exode rural comme la Creuse, le Tarn, le Gers, la Lozère, les Pyrénées-Orientales. Ce déplacement d’enfants fut organisé sous l’autorité de Michel Debré, député de La Réunion à l’époque