Bien le bonjour à tous, désolée pour ce long silence, mais il n'est pas toujours aisé que les choses se passent comme on le voudrait et j'ai malheureusment beaucoup de choses à privilégier dans le monde "réel". Ne vous en faites pas, dès que mon internet réintègre mon domicile, j'aurai bien des strips à vous montrer!
En attendant, je voulais rendre hommage à un auteur que j'ai beaucoup aimé étant jeune et que je relis toujours avec grand plaisir malgré mon âge (kissékadi que je suis vieille???). Le titre de mon article ne permettant aucun suspense, il s'agit bien entendu de la Comtesse de Ségur. Certains d'entre vous doivent connaître ses romans jeunesse tous aussi bons les uns que les autres. Ma génération a surtout connu l'édition Casterman dont les couvertures étaient illustrées par le défunt Marcel Marlier, le papa de Martine, un grand homme selon moi.
Les enfants en Europe connaissent beaucoup ces séries de livres, mais à ma grande déception, lorsque je suis arrivée aux Antilles, personne ne savait ce que cétait. Même ici au Canada, peu de personnes la connaissent, mais j'ai eu le plaisir de discuter avec deux jeunes filles d'origine Malgache récemment et nous nous sommes découvert un superbe point commun dans la comtesse de Ségur. Ça faisait plus de 17 ans que je n'avais pas évoqué mon enfance au travers de ces magnifiques petits livres avec quelqu'un qui les voyait de la même manière, ça faisait vraiment drôle
Mais l'hommage que je souhaite rendre à cette romancière, cette femme pleine de sentiments et de tendresse envers les enfants, c'est que sans le savoir... elle m'a sauvé la vie.
Lorsque j'étais petite et que je ne savais pas nager, j'avais peut-être 6 ou 7 ans, une de mes camarades de classe a décidé qu'elle m'apprendrait comment faire. Ce jour-là nous étions à la piscine avec la classe et, je ne sais pas comment on a fait, mais on a réussi à aller dans le grand bassin sans que les professeurs ne s'en apperçoivent. Avec le recul, je me rends compte à quel point c'était dangereux: le grand bassin c'était deux mètres de profondeur et à 7 ans, on est loin de mesurer deux mètres... Mais ce jour-là, dans ma tête ce n'était rien de plus que de plonger au fond de l'eau et de remonter. Je n'avais pas conscience que ne pas savoir nager signifiait se noyer. Alors quand la fillette, pleine de bonne volonté, m'a lancé un anneau au fond de la piscine pour que j'aille le chercher, j'ai simplement lâché le bord du bassin et j'y suis allée.
Je me souviens encore de la panique qui m'a submergée à ce moment là; ça n'a pas pris deux secondes avant que je ne coule direct au fond. Je m'étais en plus donné une impulsion, pensant que nager viendrait tout seul! Du coup je me suis retrouvée au fond encore plus vite! J'ai eu une peur incroyable, toute enveloppée dans l'espèce de bleu angoissant de l'eau. Tout semblait très sombre, je me sentais comme happée par ça. Bien sur en paniquant, je me débattais et je relâchais mon air, ce qui me faisait avaler de l'eau et redoubler d'affolement. Je m'en souviens comme si j'y étais encore!
Puis j'ai senti le sol au fond. Et c'est là qu'en une fraction de seconde, je me suis rapellée. Dans le livre Les petites filles modèle, de la comtesse de Ségur, deux fillettes, Marguerite de Rosbourg et Sophie de Réan tombent dans une mare et manquent de se noyer. Dans son affolement, la petite Marguerite se souvient qu'il faut taper le fond de la mare pour remonter à la surface, et c'est exactement à ce passage que j'ai pensé moi aussi. Lorsque j'ai senti le sol sous mes pieds, j'ai donné des coups et j'ai réussi à remonter et à atteindre le bord du bassin. Je me souviens encore de la tête de l'enseignant complètement affolé, me demandant si j'allais bien et ma petite camarade qui n'avait rien compris non plus.
"Bah qu'est-ce qui s'est passé?" m'a-t-elle demandé, toute étonnée.
Avecx le recul, je trouve ça plutôt drôle, mais j.étais vraiment dans mes petits souliers ce jour-là. J'avais juste envie de me cacher dans un coin. Mais croyez-moi, je n'ai plus jamais regardé les livres de la Comtesse de Ségur de la même façon, après ça. C'est vraiment incroyable qu'un simple passage, quelques lignes seulement, puissent à ce point s'imprimer dans le cerveau d'un enfant et que dans un moment pareil d'affolement, la seule pensée lucide qui traverse l'esprit est ce passage en question.
En tous cas, Madame De Ségur, merci à vous. Et quand on sait que Sophie Rostopchine, comptesse de Ségur, n'est autre que le personnage de Sophie de Réan dans ce livre et que ces récits sont autobiographiques, alors je me dis qu'en fait, la petite Marguerite a permis de sauver au moins deux enfants de la noyade.
Pour de vrai.