Ce début du XVIème siècle, valait bien ce début du XXIème. La maison brûle … !
Là, il s'agissait de « la chrétienté », elle était au bord de l'explosion. Les schémas anciens ne convenaient plus à la puissance des états, mais aussi aux nouvelles idées. Il était nécessaire de sauvegarder l'unité de l’Église « à tous prix », de la réformer et de s'ouvrir aux nouvelles découvertes, et aux nouvelles idées... Ignace de Loyola et ses compagnons, ont eu le génie de comprendre cette situation et de se donner entièrement à cette cause. Ils ont choisi la figure emblématique du Pape, pour garantir l'unité du christianisme. Même s'il n'en était pas digne... Cela n'était-il pas le bon choix … ? La symbolique et la valeur que représentait cette charge ( face aux autres pouvoirs …) pouvaient être restaurés. Parce qu'il fallait réagir très rapidement, et avec beaucoup de force politique et religieuse. Les jésuites seront à la hauteur de ce défit.
Approbation des statuts de la Société de Jésus montrant Ignace de Loyola recevant la bulle Regimini militantis Ecclesiae des mains du pape Paul III. Fresque peinte parJohann Christoph Handke dans l'église de Notre-Dame des neiges à Olomouc après 1743.
C'est vrai, Ignace de Loyola s'est opposé aux tendances érasmiennes de conciliation avec les protestants. Il orienta la réforme catholique dans le sens du rigorisme et réussit – peut-être ainsi -, à stopper l'influence protestante en Europe centrale.
Luther et les réformés ont fait un autre choix. Cinq siècles plus tard, ( peut-être avons nous le recul nécessaire et suffisant … ? ) nous pouvons observer et comprendre ce qui s'est passé … Peut-être pourrions nous en tirer quelques leçons … ?
« Le Saint-Empire, et la papauté prétendent à un magistère politique et spirituel sur le continent, où des monarchies de plus en plus puissantes – l'Espagne, la France – s'affirment. » M Cassan ( Prof fac.)
Charles Quint a probablement envisagé au début de son règne d'être le maître d'une monarchie chrétienne universelle. Son idéal érasmien, le désir de prendre la tête d'une croisade contre le turc étayent la thèse et donnent un sens plus profond à sa détermination à devenir empereur. Charles Quint aurait songé à un magistère sur la chrétienté à un moment où la papauté est faible et l’écho durable du message luthérien, difficile à imaginer. L'interprétation est séduisante et une telle ambition a pu habiter le jeune prince. Mais, en devant le lointain successeur de Charlemagne, Charles heurte les espagnols et affronte une grave opposition. » M Cassan.
Ce sont « les Communidades » en Castille (1521-22), et les Germanias ( 1520-22) à Valence … En Allemagne, le dialogue interconfessionnel est difficile, par la concertation ou par la force … ! « Épuisé, déçu, défait après la paix d'Augsbourg ( 1555), Charles Quint abdique en faveur de son fils Philippe et renonce à la dignité impériale, transmise à son frère Ferdinand. Il se retire dans un couvent d'Extramadure, à Yuste, et meurt le 12 sept. 1558. » M. Cassan
Le 25 octobre 1555, dans la grande salle du château de Bruxelles, devant Marie de Hongrie ( sa soeur ), les députés des dix-sept provinces bourguignonnes, ainsi que les chevaliers de l'ordre de la Toison d'Or et les ambassadeurs et représentants d'une grande partie de l'Europe, le souverain le plus richement doté d'Europe se dessaisit des États bourguignons en faveur de son fils Philippe.
En se retirant dans une résidence voisine du monastère de Yuste, en Estrémadure, où il mourra le 21 septembre 1558, le vieil empereur liquide le rêve médiéval d'un empire chrétien universel.
Rappel historique :
Le 31 octobre 1517, Martin Luther placarde ses 95 thèses sur la porte de la chapelle du château de Wittenberg. En 1520, Leon X, condamne Luther ( Bulle Expurge )
1521 : Pour combattre la Réforme, Charles Quint promulgue l’édit de Worms qui interdit strictement l’exercice de la confession luthérienne. ( Luther est banni.)
1530 : la Confession d’Augsbourg : son but était de rédiger un texte présentant correctement les croyances des réformateurs et d'obtenir un texte acceptable par les catholiques de l'Empire. Le 3 août 1530, les théologiens catholiques rédigent une réponse, la Réfutation. Charles Quint refuse d'entendre la réponse proposée par les réformateurs le 22 septembre.
1534 : Paul III, Pape. Vœux à Montmartre d’Ignace de Loyola et de ses compagnons.
En 1545, l'ouverture du concile de Trente marque le commencement de la Contre-Réforme et Charles gagne quelques princes du Saint-Empire à la cause catholique. En Allemagne, Charles fait tous les efforts possibles pour s'opposer à la Réforme...
Le 29 septembre 1555, la Paix d'Augsbourg suspend les hostilités entre les États luthériens et les États catholiques en Allemagne. Elle consacre le principe Cujus regio, cujus religio, c'est-à-dire que la région d'un prince doit partager la religion de celui-ci. C'est la fin de l'unité chrétienne en Europe !
A partir des années 1550, le calvinisme rencontre un large écho dans le royaume de France. En 1559, lors du premier synode général des Eglises réformées tenu à Charenton, les protestants sont près de 2 millions, très nombreux dans un arc de cercle qui va de l'Aunis au Dauphiné et prend en écharpe la vallée de la Garonne et le Languedoc. La présence de cette forte minorité crée une situation inédite et pose une question de fond : quel traitement réserver à ces hommes et à ces femmes qui professent une religion différente de celle de leur roi ? » M. Cassan
1561 : le Colloque de Poissy : ( Pie IV est pape, conseillé par les jésuites, il s'oppose à cette conciliation qui ne passe pas par lui ..., Catherine de Médicis est régente…) il s'ouvre le 9 septembre 1561 (au 14 octobre ) en présence de Charles IX.
« Réuni à l'instigation de Catherine de Médicis et de Michel de L'Hospital, le Colloque de Poissy devait théoriquement rapprocher les points de vue catholiques et calvinistes et si possible rétablir l'unité religieuse du royaume, ce qui prouve que, pour nombre de contemporains, l'abîme entre les deux religions ne paraissait pas infranchissable. » Ency univ.
La régente doit se résoudre à l’échec du colloque. Elle décide alors de rassembler à Saint-Germain une assemblée de magistrats, qui est à l’origine de l’édit du 17 janvier 1562, par lequel le roi autorise les protestants à se rassembler pour le culte
Dans l'article suivant, nous observerons de plus près ces deux occasions manquées, pour une entente entre catholiques et réformés.