Glacidanseur

Publié le 06 avril 2008 par Thywanek
Glacidanseur : n.m. De « glaci » qui relève en gros de tout ce qui est glace, glaçon, glacier, iceberg, banquise, esquimau au chocolat et maxi cône aux noix de pécan ; et de « danseur », sorte d’humanoïde à vocation félino-volatile, dont la principale activité consiste à danser : à ce propos et afin d’éviter toute confusion, danser ne provient pas d’une contraction lexicale signifiant « anser dedans » ; oui je sais c’aurait été tentant, mais sachons préférer céder aux tentations qui aboutissent à quelque chose plutôt qu’à celles qui ne mènent à rien. Danser vient en fait du germanique et ancien « dansôn » qui à l’époque voulait dire tirer, étendre. Ajoutons pour être complet, on est pas là que pour rigoler, qu’une certaine confusion persiste toutefois chez les professionnels de l’archéologisme vocabulairien : on trouve pêle-mêle du gallo-romain, avec « dintjare », du néerlandais, avec « deinzen », et même de frison, avec « dintje » : c’est vous dire ! Pour une fois que ça venait pas du latin ou du grec …
Pour les habitués de ces pages culturelles vous aurez compris d’emblée que le glacidanseur est donc un représentant du monde humain qui ne recule pas devant la difficulté. Pour les débutants et autres retardataires, y’a intérêt à ce que vous ayez une excuse méga valable sinon pif paf !
Donc le glacidanseur danse sur de la glace. L’aurait pu se contenter de danser sur un parquet, voir sur des tapis de la Savonnerie, ça doit bien glisser aussi, ou sur un beau carrelage en faïence, ou encore sur un sol en marbre ; mais non, tout ça vous comprenez, c’est un peu trop facile… Le glacidanseur ne danse que sur de la glace : et autant que possible de la bien blanche, de la bien nivelée ; l’envoyez pas sur les champs de glaçons en Antarctique, ça va pas lui plaire. Et évidemment ne vous attendez pas à ce qu’il conserve pour ces activités les mêmes délicats chaussons qu’on voit arborer les pieds des corps de ballets quand il faut casser des noisettes, bercer la belle au bois dormant, réguler les crus du lac des cygnes, ou suivre les chamailleries des Capulet et des Montaigu. En effet pour glacidanser il faut ce qu’on appelle des patins à glace. C’est d’ailleurs de là qu’est venu le mot qu’on utilise, hélas, couramment pour désigner les utilisateurs de cette catégorie de podo-équipements : on les appelle des patineurs. (Des patineuses lorsque ce sont des filles, mais ne nous écartons pas du sujet …)
Or, qu’on le veuille ou non, de même qu’il conviendrait de plus en plus, de nos jours, de distinguer ceux qui écrivent de ceux qui cranavent*, ceux qui chantent de ceux qui chlapissent*, ceux qui parlent de ceux qui barlivent*, il me semble plus qu’utile, davantage qu’opportun, mieux que nécessaire et pour tout dire grave indispensable de trier entre ceux qui patinent et ceux qui glacidansent.
Bah, sinon c’est l’bordel ! (Passez-moi l’expression.)…(Merci.)
J’en parlais il y a encore pas si longtemps avec un type que j’ai croisé un soir pendant qu’il faisait sa cueillette de mandragore au même endroit que moi, je ne me souviens plus comment nous en sommes arrivés à parler de ça d’ailleurs, un type un peu bizarre mais plutôt urbain, Monsieur K. m’a-t-il dit qu’il s’appelait, (ça m’a fait penser à cette pub pour une marque de céréales pour petits déjeuner) ; toujours est-il qu’il a été assez catégorique : sur la glace, ou on patine, ou on glacidanse. Si on patine, c’est simple, c’est trois tours dans un sens, trois tours dans l’autre, et hop on recommence, en marche arrière, pour les moins batraciens. Sinon on glacidanse et là c’est clairement un autre monde : szwiiifff, szwiiifff, flap flap flap, szwiiifff, szwiiiiffff, sziiiiifffff, flap flap flap, zioufzioufziouf, szwiiff szwiiff szwiiff, la laa laaa, szwiiifff szwiifff, flap flap, zioufzioufflapflapflapzioufziouf, szwoum szwoum, flap flap, la laa laaa, szwif szwif szwif szwif szwif szwif, zioufflap zioufflap zioufflap, szwoum szwoum szwoum szwoum, la laa laaa, la laa laaa, szwif szwiiff swziiifff, etc .. etc … Je vais pas vous le faire en entier parce que faut avouer que le son sans l’image, ça perd un peu. En tout cas c’est assez pour conclure à l’obligation de distinguer les deux activités. Je suis sur que vous en serez d’accord rien qu’après cette modeste démonstration : sinon pif paf !
Certes des inconvénients peuvent demeurer : si vous souhaitez vous promouvoir spectateur de glacidanse et que dans ce cas vous ne disposez que d’un téléviseur, (pour viser de loin donc), sachez que ce viseur ne vous sera d’aucun secours pour cibler le commentateur et le shooter d’une bonne dose de soporifique afin qu’il se taise : donc c’est Nelson Montfort ou mets l’son moins fort.
En mal d’illustrations idoines susceptibles de soutenir le présent article il ne me reste plus qu’à souhaiter qu’il vous ait assez inspiré pour que vous l’en enrichissiez.
N.b. : il eut été possible pour transgresser les lois communes de l’évolution des mots de conserver, prudemment, comme cela aurait pu se voir déjà, on ne sait jamais, un trait d’union pour séparer glaci et danseur : mais franchement, un trait d’union pour séparer, pour qui me prend-on ? Alors que tout ça va si bien d’un seul trait !
*Prochaines entrées dans cet extravagriffouillant** dictionnaire.
**Prochaine entrée dans cet … hum hum … dans ce dictionnaire.