1513 : Luther ou Ignace de Loyola ?

Publié le 09 janvier 2013 par Perceval

En 1513 ( il y a cinq cents ans ), je ne peux pas être conscient de la déchirure de la chrétienté qui va intervenir...

En 1513, je suis conscient que mon Église, n'est pas « à la hauteur » ! Les abus du clergé sont certes disciplinaires, mais aussi pastoraux et doctrinaux. Souvent, les charges ecclésiastiques sont des gratifications, elles se cumulent...
Les clercs, sont peu formés, ils ne satisfont les fidèles que dans le domaine du « faire ». Ils bénissent les rites de passage, célèbrent des messes, encadrent et ratifient une religion flamboyante … mais , ils ne « spiritualisent » pas leurs interventions ( l’Évangile est loin …) et ne savent pas rassurer face aux angoisses eschatologiques ( c'est l'époque …).

Je prends conscience – en même temps - du statut privilégié du clergé, et de ma possibilité d'atteindre la parole de dieu par mes propres moyens ( l'imprimerie, la lecture de «  L'Imitation de Jésus-Christ, ….). Érasme (1469-1536) , m'enseigne que j'ai deux armes pour réussir mon salut : la prière et la Bible...

Cependant, l’Église est vigoureuse, elle a vaincu toutes les hérésies, et personne n'envisage de la quitter. Ni les humanistes, ni Luther qui réclame un débat en son sein, ne tournent le dos à l’Église.

 

Luther ( 1483-1546) est tenaillé par la question du salut. Il choisit d'entrer chez les ermites de saint-Augustin, dans un couvent réputé pour sa sévérité. Il est prêtre en 1506, puis étudie la théologie ( Wittenberg ) ; il devient docteur, et professeur....

En 1515, comme lui, je désespère d'être profondément « ajusté » à Dieu, je ne puis vivre sans chuter dans le péché... ! De plus, je me sens incapable d'accomplir les œuvres nécessaires à mon salut... En lisant et relisant saint6paul, je prends conscience que je puis être pécheur et juste … pécheur, parce que la tentation demeure en moi, et juste parce que Dieu m'illumine de la foi, et me fait bénéficier ( même si je n'en suis pas digne ) de sa justice … C'est une illumination ! Les sacrements sont secondaires, et les œuvres ( et d'autant plus les indulgences...) ne sont nullement salvatrices ( en elles-mêmes).

Ce n’est plus vers la Jérusalem rêvée qu’Ignace de Loyola (1491-1556) et ses compagnons se dirigent, mais c’est vers Rome... Le pape a refusé leur départ.. ! Et c’est à Rome qu’Ignace vivra jusqu’à sa mort en 1556.

Avec Ignace de Loyola, je m'interroge sur les orientations que doivent prendre ma vie. Ce n'est parfois, ce que prévoyais … Je reçois des « confirmations », je discerne... Comme Luther, comme Ignace, je reviens sur mes questions sur la contrition. Luther lui rejette l'extériorité du sacrement, pour s'en remettre dans une foi confiante dans la Parole, comme Ignace je découvre à présent le principe de l'intériorité chrétienne... Bien sûr, il y a « la Grâce », mais si cette grâce ne se coule pas dans les éléments de la vie humaine, vie spirituelle « encadrée » ( de représentations, d'images, de pensées, de réflexions..) et conduite par la volonté et l'affectivité ( avec méthode...) , alors Elle ne sert à rien ! Cet accompagnement pour que cette Grâce soit humainement traduisible va devenir la méthode jésuite.