Don Quichotte

06 avril 2008

Don Quichotte

Hier soir je suis allée voir J’ai toujours rêvé d’être un gangster. Dans le film, il y avait Jean Rochefort. En voyant sa longue silhouette sur le grand écran du MK2, j’ai repensé au Don Quichotte qu’il aurait dû faire sous la direction de Terry Gilliam. Quel dommage que le film ait eu une telle scoumoune et se retrouve abandonné, car je ne doute pas que Jean Rochefort y eut été formidable.

Après la séance, je pensais à la façon dont le personnage créé par Cervantès est tellement entré dans la psyché collective, qu’avant même de lire le livre, on a l’impression de déjà le connaître, lui et sa silhouette étirée, son cheval Rossinante, sa Dulcinée bien aimée, son écuyer Sancho Panza, ses combats contre les moulins à vent,etc. Tout cela a été si bien intégré à notre culture qu’il est facile de se dire : « A quoi bon lire le livre ? »

En fait, ce n’est qu’il y a environ deux ans que je me suis décidée à enfin lire ce chef d’œuvre de la littérature. Rien que cette appellation est intimidante : je ne sais pas vous, mais moi, lorsque je pense « chef d’œuvre », je perds de mon naturel, je me mets à ricaner bêtement et à me poser des questions qui me font transpirer, du genre – si je n’aime pas ou si je ne comprends pas, est-ce que cela veut dire que je fais partie de la lie de l’humanité ? Que mon génome est incomplet ? Aurais-je encore le droit d’exister ? Un chef d’œuvre, il n'y a pas à dire, ça fout la pression. (Rien que pour ça, je vous promets de ne jamais en écrire, afin d’éviter ce genre de situations traumatisantes aux futures générations.)

Sauf que voilà, à peine commencée les aventures du fier et fol hidalgo, je me suis régalée. Car ce que je ne savais pas tant que je ne l’avais pas lu de mes propres yeux, c’est que le texte de Cervantès est extrêmement drôle. Et là, franchement, rien de telle qu’une bonne rigolade pour ne plus être intimidée, que ce soit par quelqu’un ou un trésor de la littérature hispanique ! Allons même plus loin, Don Quichotte, c’est le genre de chef d’œuvre, qui au lieu de vous écraser, vous fait vous sentir malin. Bref, vous n’avez plus qu’à ranger la boîte de Xanax au fond de l’armoire à pharmacie.

Comme quoi, c’est parfois bien de donner une chance à un classique. Alors si, vous aussi, vous avez fini par lire un chef d’œuvre de la littérature que vous aviez pourtant passé des décennies à ignorer, venez témoigner ici. Ensemble, nous aurons moins peur et oserons enfin tourner ces pages qui appartiennent à notre patrimoine. Lectrices, lecteurs, en route ! Il me semble que je vois d’ailleurs un premier moulin à l’horizon…

Posté par D_K_ à 09:45 - Commentaires [0] - Rétroliens [0] - Permalien [#]