Tout le monde le sait, avoir un enfant ça change la vie. Pas seulement sur le plan organisationnel. Tout à coup on a la responsabilité d’une petite vie. Et bien sûr, toutes les peurs qui vont avec. Peur qu’il lui arrive quelque chose, qu’on lui fasse du mal. Des angoisses plus futiles aussi.
Mais avoir un enfant réveille aussi nos propres peurs d’enfant et on les transpose un peu sur lui. Je crois que ma plus grande trouille quand j’étais petite, c’était de perdre ma maman. Depuis la naissance de mon fils, mon premier enfant, j’ai en horreur tous les films et téléfilms qui parlent d’enfants sans maman, de mamans malades qui ne vont pas guérir, et tout ce qui se rapproche de près ou de loin du sujet.
Et voilà que cette semaine, j’apprends qu’un petit garçon de la classe d’Attila vient de perdre sa maman, suite à une longue maladie. Depuis, je n’arrête pas d’y penser et j’ai les larmes aux yeux régulièrement. Je pense à ce petit garçon privé de sa maman pour toujours, et ce n’est pas juste. Je pense à cette maman qui ne verra jamais son petit garçon grandir et devenir un homme, et ce n’est pas juste. Je pense à ce papa qui se retrouve seul pour élever son petit garçon, et ce n’est pas juste.
Quand mes enfants m’agacent, je me dis que cette maman aurait sans doute aimé pouvoir être encore agacée par son fils. Quand j’entends l’un de mes enfants appeler « maman, maman », je pense à ce petit garçon qui n’appellera plus jamais sa maman.
Tout à l’heure, je pense que j’ai dépassé les bornes… Ma petite dernière ne voulait pas s’habiller, pas mettre ses chaussures, et quand je me suis fâchée elle m’a tapée, là j’ai fondu en larmes en lui disant « c’est pas gentil de taper sa maman, il y a des enfants qui n’ont plus de maman, eux ! ». En me voyant pleurer, elle s’est effondrée elle aussi, et m’a serrée fort dans ses bras. Je m’en veux, mais je n’arrive pas à me défaire de cette peur qui me colle à l’âme…
C’est une angoisse qui résonne en moi depuis si longtemps… Il y a déjà quelques temps j’avais demandé à l’intello-à-lunettes s’il connaissait des enfants qui n’avaient plus de maman, et il se trouve qu’il y a deux petites filles dans sa classe qui sont dans ce cas. Ca m’avait brisé le cœur. Et voilà que ma vieille angoisse se réveille une fois encore.
La peur de ne pas voir mes enfants grandir, de ne pas être près d’eux pour les moments importants de leur vie. C’est une peur égoïste, je crois, la peur qu’ils ne se souviennent pas de moi.
Toutes mes pensées vont vers ce petit garçon, j’espère qu’il retrouvera le sourire parce que la vie continue malgré tout.