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Avec la princesse Bactriane

Publié le 12 janvier 2013 par Fbaillot
Avec la princesse Bactriane

La princesse Bactriane du musée de Louvre-Lens

Voici ce que j'ai déclaré à l'occasion des vœux à la population, ce vendredi 11 janvier à Templemars.

Madame, mademoiselle, monsieur,
messieurs les maires et conseillers municipaux des villes voisines, mesdames et messieurs les représentants du monde associatif,
chers amis de Templemars et d’ailleurs,

Cette période des vœux est sans doute une tradition bien française, que certains estiment un peu désuète. Je la trouve moi, avec vous je crois, bien agréable.
On se retrouve, quelquefois on ne s’est pas vu depuis longtemps.
On se remémore quelques uns des bons moments de l’année passée, et puis on échafaude des projets pour l’avenir.

C’est donc avec grand plaisir que nous nous revoyons ce soir dans cette salle Colette Besson. Je ne vais pas revenir sur ce qui vous a déjà été montré ou dit auparavant, mais comme le veut la coutume, je voudrais vous proposer quelques réflexions tirées de notre vie locale.

Première remarque : vous avez sans doute apprécié l’incroyable engouement autour du joyau régional que constitue le Louvre-Lens, à quelques dizaines de kilomètres de Templemars. 140 000 visiteurs se sont déjà pressés dans ce musée en un mois. Je me suis glissé, en famille, parmi eux, et je n’ai pas été déçu. J’ai craqué notamment pour la princesse Bactriane, une petite statuette articulée d’une quinzaine de centimètres faite de calcaire et de chlorite, qui date du deuxième millénaire avant notre ère, et qui nous vient de ce qui est aujourd’hui l’Afghanistan. Mais tous les musées régionaux constatent la même ferveur. Les Nordistes aiment la découverte artistique, et la culture constitue un élément aujourd’hui incontournable de notre drapeau, de notre fierté. Nous l’avons constaté une fois de plus à l’occasion de Lille 3000, qui a soulevé toute la métropole au dernier trimestre, et qui continue d’ailleurs pour quelques semaines encore. Templemars a participé avec grande joie à Lille 3000, avec une chanteuse « gnawa »,  Souad Asla, qui a conquis les enfants de l’école primaire, les a fait chanter, mais aussi danser, avec enthousiasme et conviction, et a partagé avec eux les charmes et les secrets de son beau pays, le désert.
A Templemars, nous nous sommes engagés pour la culture depuis longtemps. On le voit notamment à la médiathèque Noël Dejonghe, dont nous sommes si fiers, qui voit son nombre d’adhérents et d’utilisateurs croître avec constance et régularité. Vous le savez, nous avons décidé de créer, avec Houplin-Ancoisne, Lesquin, Lezennes, Seclin, et Vendeville le réseau des médiathèques du Mélantois, qui sera le premier réseau opérationnel de médiathèques dans la communauté urbaine, et qui inaugurera, je touche du bois, son portail numérique en septembre prochain.  A ce moment-là, vous pourrez de chez vous, consulter les ouvrages disponibles dans les six médiathèques, et ensuite les emprunter, diurectement à la médiathèque. Chaque établissement aura une dominante. Et à Templemars, nous avons décidé de nous spécialiser dans le roman policier.

Nous sommes aussi très attachés au développement du sport, et à la pratique du sport pour tous, quels que soient son âge, son sexe, son niveau de performance. Je ne vous parlerai pas des filles du football, en milieu de tableau de la division 2 nationale, malheureusement éliminées de la coupe de France par Compiègne dimanche dernier.
Non, aujourd’hui, je vous parle des arts martiaux, du judo et du karaté, qui vont pouvoir utiliser dans quelques semaines un magnifique dojo, un bâtiment en ossature bois, “basse consommation”, comme tous les nouveaux équipements que nous avons construits depuis plusieurs années, auxquelles les entreprises continuent d’apporter tous leurs soins, et que vous n’avez pas pu rater en venant ici. J’en profite pour saluer Bruno Verfaillie et Alexandre Pavy, nos arbitres de karaté qui attendent de savoir si leur sport sera enfin olympique.
Vous ne le savez pas, mais il y a en Nord Pas de Calais 3 arbitres internationaux de karaté. Eh bien à Templemars, nous en avons deux sur les trois ! On leur souhaite en tout cas de peut-être avoir l’honneur et la joie de participer aux JO,  pas à Rio, en 2016, mais à Tokyo, Istanbul ou Madrid en 2020. Nous les accompagnerons par la pensée avec émotion et fierté !

Et puis à Templemars, nous sommes particulièrement attentifs à nos enfants. Nous sommes d’ailleurs très fiers de faire partie du réseau départemental des  « Villes amies des enfants » créé en 2005 sous l’égide de l’Unicef, et que nous avons accueilli en mai dernier dans notre commune, à l’occasion du vingtième anniversaire de notre Conseil municipal des enfants, que vous avez entendu tout à l’heure.

Nous vous en parlons régulièrement, mais nous voulons être particulièrement actifs dans la construction de logements. En effet, alors que notre commune est attractive, que chacun s’y trouve bien, nous perdons des habitants. Les derniers chiffres de l’Insee nous disent que nous sommes descendus à 3199 habitants, alors que de nouveaux logements ont  vu le jour récemment dans la commune. On connaît les raisons de cette baisse : c’est dû en partie à ce qu’on appelle la “décohabitation”. Les enfants quittent le foyer familial pour prendre leur autonomie, et ne trouvent pas sur place le premier logement. Et puis, l’augmentation des foyers monoparentaux fait pression sur le nombre de logements nécessaires. Nous souhaitons donc que notre projet d’extension du centre ville voit enfin le jour, une centaine de logements comprenant du locatif, mais aussi de l’accession et des appartements pour les seniors, qui ne peuvent plus monter et descendre les escaliers.
Sur le papier, c’est simple, mais le décalage avec la réalité est long, trop long même. Templemars est une commune de la communauté urbaine de Lille, à qui nous avons délégué la compétence en matière de logement. Il faut que cela soit pour nous un atout, un accélérateur, pas une contrainte. Nous ne désespérons pas que les travaux de voirie de ce projet important pour la commune commencent dans le courant de cette année 2013.  Nous agissons en tout cas dans ce sens.
Autre sujet récurrent dans notre commune, l’échangeur dit de Templemars dont on parle beaucoup, mais qu’on ne voit pas arriver. On en parle tant que certains se demandent s’il serait vraiment utile ! Il est en tout cas très attendu par les utilisateurs des zones  d’activité et de commerce  de Templemars, Seclin et Vendeville, et aussi par les habitants de Vendeville. Je le dis ce soir, comme je l’ai fait auparavant en d’autres lieux, un tel projet, s’il voit le jour, va forcément avoir des conséquences importantes dans la vie de notre secteur. Il donnera lieu à une enquête d’utilité publique. Il faudra que celle-ci soit l’occasion d’une véritable concertation, que chacun puisse faire entendre ses espoirs, mais aussi ses doutes, ses craintes, et qu’on tienne de ces doléances dans la réalisation effective.

Cette année 2012 a vu de grands changements dans la vie de notre pays. Je fais partie de ceux qui ont tendance à regarder plutôt la bouteille à moitié pleine que celle à moitié vide.
Évidemment, en période de crise mondiale, il est tentant et même facile de faire porter la cause de tous nos maux à ceux qui nous gouvernent. Rassurez-vous, je ne vais pas pas vous faire de discours de politique générale, mais je voudrais là aussi vous apporter mon modeste témoignage. On a par exemple beaucoup disserté à propos de la sidérurgie lorraine, et de l’aciérie de Florange. Il se trouve que j’ai vécu ma jeunesse à Denain, à une cinquantaine de kilomètres d’ici. Mon  père travaillait à Usinor Denain. Je me rappelle très bien de l’année 1974. Cette usine sidérurgique, dont on assurait qu’elle était à la pointe de la technique, a été fermée en quelques mois. 8000 salariés à la rue, et tous les emplois induits : un désastre pour tout le Valenciennois, qui n’a pas fini de panser les plaies de cette saignée. Mais je me rappelle aussi que pour expliquer cette fermeture, on nous expliquait que seule la sidérurgie “les pieds dans l’eau” à Dunkerque, à Fos-sur-Mer allait pouvoir résister à la concurrence mondiale, et que la demande diminuait du fait de l’arrivée de nouveaux matériaux. Je crains que depuis quarante ans, la réalité n’ait pas beaucoup changée, et que les perspectives de nationalisation ne soient pas de nature à pérenniser une activité, si elle n’a pas de logique économique et industrielle.

Je voudrais aussi vous donner mon sentiment dans le débat sur le mariage pour tous.
D’abord, le premier devoir d’un maire, c’est d’appliquer la loi. J’appliquerai donc la loi, si elle est votée, comme j’applique la loi sur le service minimum à l’école, dont je continue à penser qu’elle n’est pas juste.
Ensuite, deux chiffres : la moitié des enfants de France sont conçus hors mariage, et plusieurs dizaines de milliers d’enfants français vivent dans des foyers homoparentaux. Il faut adapter la loi et nos institutions à la réalité.
Le Pacs, institué il y a quelques années n’est pas suffisamment protecteur par exemple en cas de décès d’un conjoint, mais aussi au regard d’un certain nombre de droits, particulièrement s’agissant de l’éducation des enfants.
Lorsque j’accueille un couple qui vient se marier, je n’administre pas un sacrement, je rappelle les droits et les devoirs attachés au mariage, vis-à-vis des enfants, mais aussi en matière de solidarité, notamment financière, et je demande aux mariés de s’engager sur ces principes.
Je comprends parfaitement les réticences de ceux qui s’interrogent sur la nécessité d’un père et d’une mère pour éduquer les enfants, mais je le rappelle, la réalité contredit largement ce vœu, et nous connaissons tous autour de nous des enfants qui vivent difficilement la séparation de leurs parents, l’éclatement du foyer familial. Parfois, ils trouvent d’ailleurs dans cette situation difficile les armes pour se construire et éviter de reproduire ce qui les a fait souffrir.
Et je crois qu’au fond de nous, nous savons qu’un enfant a surtout besoin de sentir auprès de ceux qui l’aident à grandir chaleur et réconfort, fidélité et  présence, rigueur et sérieux, mais aussi des rires et de l’humour. Bref, c’est ce qu’on appelle l’amour, et ce n’est pas une quelconque orientation sexuelle qui détermine cela ou pas.

Permettez-moi aussi de sourire à l’évocation de celui qui reste un de nos grands acteurs français, mais qui n’en finit pas de se déconsidérer à coups de déclarations tapageuses et pas toujours frappées au coin de la morale. Je note néanmoins que beaucoup plus de Belges demandent à venir vivre en France que l’inverse.

Enfin, je souhaite terminer cette intervention en citant un Français qui mériterait lui les gros titres et un véritable battage médiatique. Il s’appelle Jean Jouzel. Il est climatologue et c’est l’un des spécialistes mondiaux du réchauffement climatique les plus écoutés. Voilà ce qu’il disait en décembre dernier, après ce qu’il est convenu d’appeler l’échec de la conférence internationale de Doha sur le climat : “Le 5e rapport du GIEC (Groupement international des experts sur le climat) traduira des évolutions qui, sur certains points, se sont aggravées ( la diminution de la surface des glaces arctiques, la hausse du niveau de la mer) et d'autres restent, pour le moment, stationnaires (la hausse des températures moyennes qui connaissent un plateau depuis 2003). Il faut donc rester prudent. C'est le rôle même du GIEC de n'avancer que des faits vérifiés pour éclairer le choix des décideurs politiques.
Par contre, ce qui me paraît de plus en plus évident après le sommet de Doha, c'est que la communauté internationale ne prend pas le chemin de limiter le réchauffement à 2 degrés, le seuil dit « acceptable ». Cela deviendra même impossible si on ne fait rien ou pas grand chose pour commencer à faire vraiment diminuer les émissions de gaz à effet de serre, et cela avant 2020.”
Voilà ce sur quoi j’espère ceux qui gouvernent notre pays, mais aussi la communauté internationale doivent parler dès cette année 2013. Nous, à notre modeste niveau communal, nous n’avons que peu de leviers pour infléchir leurs décisions, mais nous avons en tout cas le devoir de leur dire, les élus, la population, les jeunes et les moins jeunes, ce qui nous préoccupe vraiment.


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