Lettre à toi l’obèse

Publié le 14 janvier 2013 par Madameparle

Suzy, je ne te connais pas mais je t’ai rencontré hier soir à la télé.

Un reportage parmi des milliers, un de plus sur l’obésité.

Mais humain, pas un de ceux qui suit pas à pas la perte de poids en oubliant la personne. Pas un raccourci si vite pris à la pointe du bistouri. Des hommes des femmes, des êtres humains en somme avec une douleur et un poids à porter.

Tu faisais partie de ceux là.

Tu m’as émue par ta solitude, ta difficulté à parler de toi.

Pourtant tes 160 kilos ne viennent pas de nulle part.

Une dépression dis tu comme beaucoup d’autres gens.

Quelques embûches dans ce chemin de vie, comme tout le monde…

Et puis ce silence, cette douleur familiale tue.

Tes grands parents ne sont pas revenus vivants… des camps…

Tes parents eux aussi les ont connus mais ne rien dire était le crédo de ceux qui avaient connus le pire, l’inhumain.

Tu as sans doute encaissé, rempli ce vide immense par ce que tu as pu, cacher ce néant en l’enfouissant derrière de la bouffe, mal.

Aujourd’hui tes années sont sans doute comptées par ce corps qui te fait tenir debout depuis tout ce temps mais qui risque de lâcher si tu le laisses autant tomber…

Cette psy, qui te dit assez maladroitement de ne pas oublier tes mouchoirs la prochaine fois. Mais n’est ce pas là son travail à elle de t’offrir ne serait-ce que la douceur d’un tissu et la chaleur de l’écoute? J’aurais aimé te prendre dans mes bras et te dire de pleurer, de laisser sortir tous ces silences que tu as traduit en toi. Se remplir pour oublier le néant.

Les mentalités commencent à changer doucement et enfin on semble prendre en compte l’être humain et le coté psychologique, son histoire. On ne mange pas par excès comme ça parce qu’on l’a décidé.Il y en a qui se lancent à corps perdu dans le sport, le tabac, l’alcool, une passion et d’autres qui tentent de colmater leurs angoisses et celles des autres en se remplissant.

Le chemin est long, très long…

Suzy je te souhaite de continuer sur cette route, de retrouver le souffle de ta vie