Magazine Humeur

Depardieu n’est pas mort…

Publié le 16 janvier 2013 par Mistervautier @mistervautier

Voilà la couverture des Inrockuptibles :

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C’était Depardieu. 1948-2013.

Je ne voudrais vexer personne et surtout pas les éminences grises qui l’ont confectionné mais je trouve cette couv’ – ouais, je connais des mots, fils de journaliste oblige – particulièrement mauvaise.

Au fond, Depardieu, c’est qui, hein ? Un homme mort selon les Inrockuptibles ?

Non, non et non. Depardieu, c’est un mec qui est pris sous l’aile du grand Jean Laurent Cochet, professeur de théâtre dont l’art est de savoir reconnaître les futurs grands. C’est un gars qui est remarqué par Marguerite Duras… Ca vous rappelle quelque chose, quelqu’un ou c’est juste une plaque dans Paris ? Ensuite, c’est la consécration avec les Valseuses de Blier. Depardieu n’arrête pas, jamais. Il tourne et joue, apprend et lit.

Ferreri, Bertolucci, Téchiné, Pialat, Rouffio, Veber, Wajda, Zidi et j’en oublie, vont frapper à la porte de ce bonhomme déjà imposant pour lui proposer des rôles aussi différents que possible. Tenue de Soirée et Inspecteur Labavure, je n’en connais pas d’autres qui auraient osé franchir ne serait-ce que la moitié du fossé…

Je m’en voudrais d’oublier le merveilleux Cyrano de Bergerac – avec nomination aux Oscars – qui lui ouvrira les portes du cinéma américain.

Depardieu, c’est aussi un producteur, un viticulteur, restaurateur… Une grande gueule qui aime la bouffe et le bon vin à tel point que son corps n’a l’air de plus pouvoir le porter. Ce mec est l’essence de la France, la gouaille disparue des quartiers parisiens. Il est juste humain et tendre, dévorant et tuant mais tellement vivant. Obélix, somme toute.

Je sais, vous allez objecter avec cette histoire d’uriner dans un avion, anecdote généreusement déformée par les tabloïds d’outremanche. Moi, je vais vous faire plaisir, je vais aller beaucoup plus loin qu’une histoire de pisse dans une bouteille. Je vous répondrai qu’il y a plus grave : ses amitiés troublantes avec Poutine, bien sûr, mais aussi Ramzan Kadyrov, dirigeant de Tchétchénie, bien connu pour ne pas respecter les droits de l’Homme et que l’acteur défendra publiquement. Discutable aussi, son disque enregistré en duo avec Gulnara Karimova, fille du président de l’Ouzbékistan, Islom Karimov, également réputé pour son ignorance des droits de l’Homme. Je me souviens bien des propos haineux lancés par Depardieu contre Noël Mamer, le député des Verts pour la prise de position de ce dernier contre Rafik Kalifa, homme d’affaires algérien aux amitiés peu recommandables, pourtant ami de l’acteur… Et sa récente déclaration sur les français ? Ces derniers arrogants et suffisants ? Oui, il l’a dit. Il parlait surtout de Dominique Strauss Kahn…

Vous voyez, des dossiers contre Depardieu, on peut en avoir.

Mais…

C’est un putain d’acteur, universel et caméléon, qui change de registre comme moi, de chemise.

Alors, je le répète, cette couverture est minable. Même si la liberté de la presse est sacrée – et je sais de quoi je parle – j’ai horreur de la mise en scène. Je préfère la mise en perspective. Peu importe, la couverture est en place. Je ne l’apprécie pas. Comme je trouve très moyen la lettre publique de Philippe Torreton dans Libération… Ce genre de choses se disent en privé. J’aime lire les débats d’idées dans les quotidiens. Pas les réglements de compte d’un acteur certes, très talentueux mais à la filmographie nettement moins impressionnante.

Depardieu veut partir. Et alors ? Nous sommes encore un pays de droit et de liberté. Qu’on le laisse. Si j’en crois certains de mes amis, il y a un autre immense acteur français qui a fait ses bagages. Plus discrètement et aux Etats-Unis, certes, mais il est parti avec femmes, enfants et bagages. Allô ? Tiens, c’est curieux, je n’entends rien…

Tout ça parce qu’un bonhomme a dit : - » Les gars qui gagnent trop d’argent, je vais les taxer à 75% »

Ca fait peur, ce genre de pétainisme fiscal, non ?

Depardieu est un très grand acteur français dont les frasques sont si nombreuses qu’on devrait comprendre pourquoi il part . il est vrai qu’entre lui et la presse, ce fut loin d’être une histoire simple. L’actualité prouve que c’est toujours le cas…

Au dela de l’acteur, c’est avant tout un homme. Sincère, généreux, fidèle et ultra sensible. Comprendre ça, c’est comprendre le comédien. Depardieu n’est pas mort, quelle idiotie. Bien au contraire, il est tellement libre.

Ce que nous ne sommes pas. Merci aux journalistes de nous le rappeler.

I love you. All of you. And Lulu.

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