Lope de Aguirre, L'expiation de Felipe H Cava et Ricard Castells

Publié le 01 août 2012 par Thierry_2
A l'époque, vers 2000, je ne sortais quasi pas des sentiers de la bande dessinée classique. Je commençais juste à tâter du manga et du comic book. C'est alors que je tombai sur ce livre, encore sous cello.

Je ne connaissais rien à la bande dessinée espagnole. Lope de Aguirre ne m'évoquait guère plus que la gueule de ce fou de Klaus Kinski filmé par cet autre fou de Werner Herzog.

J'ignorais l'importance de Felipe H Cava dans la bande dessinée espagnole contemporaine et qu'il avait consacré deux autres albums à ce personnage, l'un illustré par Enrique Breccia, l'autre par son complice Frederico Del BarrioMais cette couverture m'hypnotisait. Il fallait que je l'achète. Une fois le cello enlevé, je ne fus pas déçu. Cette Expiation fut une véritable claque graphique pour moi. Chaque page, chaque dessin, chaque trait me fascinait.

Je n'osai pas le relire pendant longtemps, de peur de ne plus retrouver cette sensation.Lors de mon dernier déménagement, je me suis retrouvé ce livre entre les mains. je l'ai rouvert non sans une certaine appréhension. Dès les premières cases, la magie a de nouveau opéré.

Pour ne rien gâcher, le scénario de Cava est passionnant.L'Expiation fait partie de ces livres qui ont titillé ma curiosité et m'ont poussé à explorer plus avant ce que la bande dessinée a à offrir. Sur le site de Frémok, L'Expiation est qualifiée de chef d'oeuvre. Ce n'est pas moi qui dirai le contraire.Présentation sur le site de Frémok:
Scénario de Felipe H. Cava admirablement servi par le dessin très épuré de Ricard Castells, L'Expiation est à coup sûr un livre qui revisite le genre épique pour le transcender et amener le lecteur vers d'autres perspectives narratives tant dans les formes du scénario que du dessin. La bande dessinée historique peut produire des chefs-d’œuvre, L’Expiation de Ricard Castells en est l’exemple type. Le récit reprend la légende de Lope de Aguirre qui entre en dissidence du pouvoir royal et s’en va se perdre vers quelque improbable Eldorado. Autour de cet argument Castells brode un livre aux lavis décolorés qui prête à la figure d’Aguirre une dimension tragique, révolutionnaire et grotesque. Castells ne s’embourbe pas dans le sens, au contraire, il fait virevolter celui-ci en exacerbant les contradictions de son personnage. Rarement une bande dessinée aura flirté si finement avec l’indicible, avec l’effacement des limites, avec la tache comme principe de composition du dessin. Le personnage de Aguirre et son destin nous sont donnés à voir dans toute la cruelle fragilité de l’être humain. Le livre ne peut aller jusqu’à ce point de non-retour que dans la mesure où il a pris le risque de dévoiler l’incertitude des masses colorées, l’incertitude de la frontière entre la folie et la raison, entre la révolte et la tyrannie.