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"Personne ne peut imaginer comme je suis heureux depuis que je ne pratique plus l'homosexualité!"

Publié le 17 janvier 2013 par Hermas

[Source : La Gaceta] Comme son nom l’indique, Philippe Ariño est d’ascendance espagnole. Il est également professeur d’espagnol dans le secondaire, bien qu’il soit actuellement en congé. Le motif en est simple : depuis un an, il donne des conférences un peu partout en France, sans compter ses nombreuses interventions dans les medias, pour parler de sa double condition d’homosexuel et de catholique. Très spécialement, il tente d’expliquer pourquoi il a trouvé la joie de vivre en ayant renoncé à la pratique homosexuelle pour respecter les enseignements de l’Église. Son engagement est d’autant plus important en un jour aussi important que le 13 janvier 2013, où des centaines de milliers de français descendent dans la rue contre le projet de “mariage” gay du président François Hollande [NdT : cet article a été rédigé le jour même, avant la manifestation].

Êtes-vous optimiste ou pessimiste au sujet de cette manifestation d’aujourd’hui ?

Je ne suis pas optimiste mais plein d’espérance.

Pourquoi ?

Parce que l’espérance est plus lucide que l’optimisme. Rien n’est décidé jusqu’au vote de la loi. En outre, la rue dispose d’un véritable pouvoir d’expression mais il ne faut pas se tromper : la décision finale appartient au législateur. C’est pourquoi la manifestation d’aujourd’hui n’est qu’une première étape, d’une grande force symbolique, mais insuffisante.

Oui, mais ce n’est pas rien.

Ce sera le détonateur de longues semaines de débat au cours desquels les français n’auront pas beaucoup d’espace pour s’exprimer. J’attends donc peu de la manifestation, considérée comme un événement ponctuel, et je préfère me concentrer à son lendemain. J’ai confiance en nos dirigeants.

Même en Hollande ?

S’il veut démontrer qu’il est un grand président, capable même de se contredire, qui écoute le peuple et non les medias, s’il veut que les français le considèrent enfin comme leur président – ce qui n’est pas encore le cas, d’où sa faible popularité – il ne doit pas laisser passer l’opportunité unique qui lui est présentée de retirer le projet de “mariage pour tous”. Même ses promoteurs ne le soutiennent pas.

Ce qui est certain est que vous-même ne recourrez à aucun “mariage pour tous”. En janvier 2012 vous avez décidé de vivre dans un abandon total à Dieu. Quel est la raison de cette décision ?

Tout est bien clair : je ne suis pas convaincu que le couple homosexuel soit ce qui puisse arriver de mieux à quelqu’un qui se sent durablement homosexuel. A ce jour, je n’ai pas rencontré d’unions homosexuelles qui soient véritablement solides, rayonnantes et satisfaisantes à long terme. C’est pourquoi j’ai choisi de vivre la continence, c’est-à-dire d’abandonner mon homosexualité au Christ et à son Église.

Concrètement, qu’est-ce que ça signifie ?

Ça signifie que j’ai définitivement abandonné le flirt, la masturbation et la pornographie parce que je me suis rendu compte que j’étais prisonnier lorsque je m’obligeais moi-même à rêver et à expérimenter l’amour homosexuel.

Quelle leçon en tirez-vous ?

J’ai compris qu’en amour il est difficile de servir deux maîtres : Jésus, Jésus, incarné dans l’Église et dans la différence des sexes, d’une part, et l’amour qui dissout la différence entre les sexes, c’est-à-dire l’amour homosexuel, d’autre part.

Et donc…

J’ai choisi l’Église, qui ne me déçoit jamais.

Que vous offre la continence ?


C’est un libre choix, entier, émancipateur et concret, qui reconnaît mon homosexualité mais sans avoir à traîner la faute. Personne ne peut imaginer à quel point je suis heureux depuis que j’ai cessé de pratiquer l’homosexualité !

Est-ce que la conscience a joué un rôle dans votre choix de la continence ?

Un directeur spirituel me disait que la continence était un autre nom de l’Esprit Saint. Et comme je suis convaincu que l’Esprit Saint, très spécialement par le don du baptême, est présent dans le cœur de chaque être humain, je pense qu’il s’exprime également à travers le sens commun, notre liberté et notre conscience. Oui : mon observation de la réalité, à la lumière de l’Église, m’a aidé à opter pour la chasteté.

Vous êtes-vous toujours senti à l’aise dans l’Église ?


Franchement, je n’ai jamais expérimenté un éloignement réel de l’Église, je ne suis pas passé par une phase de rébellion, de rejet, ni par une crise de la foi : l’Église fait partie de moi et a toujours été vitale. Cela ne m’empêche pas de voir les carences des gens d’Église, que nous sommes tous.

Autrement dit, votre acceptation est totale ?


Quand on aime une personne ou une famille, on l’aime totalement : on ne la morcelle pas et on n’en accepte pas seulement ce qui nous plaît. Il faut aussi accepter ce qui ne nous plaît pas.

Peut-on évangéliser les homosexuels avec le Magistère de l’Église ?

Évidemment ! Le message de l’Église est réaliste parce qu’il situe la personne et sa liberté au centre de tout. Pour les homosexuels qui préfèrent se limiter à leurs actes ou à leurs pulsions et ne pas être libres, il est difficile de recevoir ce message comme une Bonne Nouvelle.

Qu’est-ce qu’ils ne comprennent pas ?


Que le chemin catholique est libérateur : pour l’Église, une personne homosexuelle, bien qu’elle sente une attraction physique sérieuse et réelle vers une personne de même sexe, sera toujours libre de ne pas se laisser réduire à l’homosexualité et de ne pas l’enfermer sous la forme d’un couple. Selon le Magistère catholique, la différence entre les sexes et l’identité de fils de Dieu sont les deux piliers fondamentaux qui définissent l’être humain.

Et l’orientation sexuelle ?


Bien qu’elle puisse être profonde, elle n’est pas fondamentale : l’homme est quelque chose de plus que ses fantasmes génitaux ou ses sentiments du moment. Il est appelé à quelque chose de plus grand, de plus durable, de plus objectif et de plus libre.

Bien. Mais selon de nombreux homosexuels, le message catholique serait irrespectueux à leur égard.


En quoi ? C’est l’Église, en vérité, qui défend et construit la liberté des personnes.

Êtes-vous conscient de l’agressivité  que montre le lobby homosexuel envers ceux qui ne pensent pas comme lui ?


Bien sûr, bien que l’expression lobby homosexuel me dérange parce que ces lobbys sont par les bisexuels “gay friendly”, qui, eux, sont indifférents à l’homosexualité et au mariage. Mais ce qui est sûr c’est que les militants homosexuels – les “gays” et les “gay friendly” – qui se présentent comme des défenseurs de “l’amour”, de la “tolérance” et de la “liberté” sont habituellement cent fois plus violents que leurs adversaires.

Dites-vous cela par comparaison entre les pancartes de leurs manifestations respectives ?

Oui, la différence est abyssale. Et la violence n’est pas seulement verbale.

Par exemple ?

Le 17 novembre dernier, à Lyon, au cours de l’une des premières manifestations contre le projet de Hollande, la police a arrêté 40 contre-manifestants pro “mariage” gay qui portaient des armes blanches.

En définitive, votre conclusion est…

Qu’il y ait de nombreuses personnes homosexuelles qui défilent contre cette loi, même s’ils ne se manifestent pas comme tels. Ce qui me donne à penser que la manifestation en faveur du “mariage” gay, qui aura lieu le 27 janvier, sera très probablement d’une rare violence.


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