"Si tu pars libre et sans maitre, tu seras bien le seul sur cette terre."
Quand on questionne les barbus du nouvel Hollywood (les Coppola, Scorsese, Altman etc.) au sujet de la filiation, le nom qui revient le plus souvent est celui de Paul Thomas Anderson. C'est peu être parce qu’avec eux il partage un certain penchant pour la fresque mégalomaniaque. Mais bien qu'au départ il fut bridé par l’influences de ses pairs, Anderson s'est ensuite crée un style unique et déconcertant.
Freddie Quell est un soldat perturbé par la seconde guerre mondiale. Son retour aux pays est pour le moins chaotique. Freddie (interprété par un Joaquim Phoenix au delà de tous superlatifs) est un alcoolique totalement obsédé par le sexe. N'arrivant pas à trouver un emploi stable et après une énième bagarre, il se réfugie dans les cales d'un bateau de plaisance. Le capitaine, un certain Lancaster Dodd est un chercheur apparemment philanthropes entouré d'une cours qui l'appelle affectueusement "maitre". Il est le créateur d'une nouvelle science appelé "la cause". Entre Freddie et lui c'est le début d'une étrange relation.
"Pourquoi l’écouter ? Il invente tout au fur et à mesures"
The Master est précédé d'une rumeur sulfureuse. Le film s’inspirerait de la vie de Ron Hubbard, le gourou préféré de Tom Cruise. Ce dernier, acteur pour Anderson dans Magnolia, serait repartit "un peu" gêné lors d'une projection privé. Tu m'étonnes Tom ! Même si Anderson clame partout dans la presse que son film ne parle pas vraiment de la scientologie, on aura du mal à le croire. C'est au contraire un vrai réquisitoire contre la secte. Les références à la dianetiques, les allusions à la "Sea Org" et la dernière partie ne laissent pas de places pour le doute.
Mais ce serait trop simple, le film traite avant tout du rapport maitre/esclave qu'entretiennent Joaquim Phoenix et Phillip Seymour Hoffman. Mais ce rapport est ambiguë. Freddie est-il vraiment dupe ? Et au final Dodd n'a t'il pas plus besoin de lui que le contraire ? Lui-même semble totalement dominé par sa femme, jouée par Amy Addams qui est glaçante en conspiratrice de l’ombre. Il n'y a pas de Gourou sans disciple semble nous dire Anderson, et nous sommes tous à la fois dominant et dominé.
"J'ai découvert le secret. Le secret c'est...le rire."
Le film est comique. (L’utilisation de Get Thee Behind Me Satan par Ella Fitzgerald, les discours abscons de Dodd.) Mais c’est un comique qui prend souvent à la gorge, bien aidé en cela par la sublime musique composé par le guitariste de Radiohead, Jonny Greenwood, qui compose là son chef d’œuvre. Elle est indissociable des images et montre la confiance qui peut exister entre lui et Anderson.
The Master est une oeuvre envoutante et passionnante. Paul Thomas Anderson confirme qu’il fait parti des grands metteurs en scène de son époque.