La pie - Claude Monet
Tombe la neige, féerie éphémère des flocons.
Ils résistent un instant et finissent par succomber à la pesanteur.
Ce blanc lumière ne dure que le temps d’un éclat puis disparaît en boue, comme tout ce qui passe et se corromp.
C’est cela la beauté : un moment lumineux, une joie mêlée de nostalgie.
Tombe la neige, le souvenir de mon enfance m’arrache un soupir.
Un mystère poudré de blanc palpite sous l’apparence de l’éternité, plonge ses racines jusqu’au cœur du feu, exprime une pensée de Terre.
Acteur des transformations, il se cache.
Pourtant une vibration émane de ce paysage immobile où une pie perchée, non sur une barrière mais sur une antenne de télévision sur le toit de l’immeuble en face, ajoute une note noire à tout ce blanc. L’équilibre, partout, se cherche.
S’impose à moi l’idée que je ne suis que de passage dans ce monde et que l’instant seul mérite l’attention pour être vécu en profondeur.
Le tableau de Monet respire derrière les apparences, se superpose à l’image et la pie m’apparaît alors si vivante… Je perçois la chaleur de son sang qui pulse et me réchauffe.
Mon temps singulier s’est effacé et deux temps se conjuguent pour donner naissance à mon ressenti. Me voici au centre d’un tourbillon, qui confond présent et passé.
Tombe la neige, comme les flocons, je résiste un instant avant de succomber à la pesanteur.
Noyée de silence, je goûte alors la satisfaction de vivre.
©Adamante