La grande hardiesse d'Erasme ( né à Rotterdam 1467-1536) - au XVIème siècle – est d'affirmer que La Parole de Dieu s'adresse à tous ; le plus humble peut vivre suivant l'enseignement divin, car il ne s'agit pas de remplacer la lumière du Christ par les éclaircissement des spéculations scolastiques. Il faut recourir directement aux Évangiles, aux Épîtres, pour retrouver dans sa pureté le message chrétien. Érasme les diffuse par ses éditions du Nouveau Testament, par ses paraphrases des évangiles et des psaumes, et surtout par le christianisme intérieur de certaines œuvres, facilement concentré en formules éloquentes qui courent de bouche en bouche.
Enfance de Charles Quint. Une lecture d'Erasme" (Brussels 1511)
Il faut se dégager des surcharges dogmatiques qui cachent le christianisme vrai : ne pas attacher une grande valeur à la réglementation étroite des pratiques religieuses — jeûne, vénération des saints et des reliques, confession auriculaire, voeux monastiques — mais, au contraire, veiller à ne pas les dépouiller de la dévotion intérieure indispensable.
Le christianisme consiste d'abord à « s'élever de la chair à l'esprit, du visible à l'intelligible » .
Cette réforme mentale s'accompagne d'un renouvellement divin de l'âme ; car « la grâce de Dieu n'est pas une faveur exceptionnelle et inaccessible ». Le Christ, (Saint Paul ), est la tête du corps mystique dont chaque chrétien se sent un membre infime. Cette solidarité joint, à l'amour de Dieu, l'amour du prochain.
Face au Mal, le chrétien possède deux armes efficaces ; la connaissance de la loi divine, et la prière. Oraison mentale, élan du coeur, bien éloignée de la prière mécanique. Érasme, dans son Modus orandi, enseigne à prier en « esprit »
L'oraison vocale:
Marie serait apparue à St Dominique (1170-1221) en 1208 et lui aurait transmis le Rosaire (quatre chapelets) pour l’aider dans ses méditations.
La méditation érasmienne est, par essence, libre et non méthodique... méditation par laquelle le chrétien découvre la douceur de la loi de grâce — joug très doux et fardeau très léger — Méditation qui va droit au salut par la foi et qui, par conséquent, est négatrice des dévotions prétendant au mérite.
Elle s'oppose tout spécialement à la méditation imaginative de la Passion qu'avait popularisée la Vita Christi du Chartreux, et à laquelle les Exercices de saint Ignace sont en train de donner une vigueur toute nouvelle. En cela, elle s'apparente à la spiritualité franciscaine, qui, donne de plus en plus nettement pour fin à la méditation un état de « non-pensée » où l'âme s'unit à Dieu sans avoir besoin de l'intermédiaire de l'humanité crucifiée de Jésus...
En 1516, Erasme estime qu’il est sur le point d’aboutir et d’être entendu par les plus hautes instances. ' Malheureusement ' (?), en 1517, s'est forgée la radicalité de Martin Luther, elle va être utilisée pour polariser le monde dans des débats théologiques dignes d’une nouvelle scolastique. Pour combattre les excès de Luther, Erasme défendra un « libre arbitre » coopérant avec la grâce....
L'Oraison mentale
d'après Thérèse d'Avila (1515-1582)
Vers 1550, l'appel à la vie intérieure séduit un grand nombre religieux et religieuses, qui prétendent jouir des goûts spirituels sans s'y préparer par l'ascèse.
Telle est l'origine du débat entre les tenants de l'oraison mentale et ceux de l'oraison vocale et les bienfaits de la contemplation de l'Humanité du Christ.
Les Jésuites s'en tiennent aux Exercices spirituels, afin de laver leur ordre du soupçon d'illuminisme....
Sources : de Maryvonne Bonnard Érasme et l'Espagne, (d'après M. Bataillon)