Le mage
Rouges les cirouelliers
et les coqs bigarrés servis aux carrefours
Rouge du roucou le riz de l’offrande
Et les cassaves
Rouge la sève du calebassier du milieu du jeu de paume
Qui bruitalise tant les entrailles des vestales
Et la terre où prospère le mèdecinier
Demeure du vieux-corps dépenaillé
Harassé jouer zo avec le temps
Qui agonise en plein soleil c’était samedi
Le corps couvert de bouse
Bleu grand-goût les terres rèques
Les mangots vètes frottés face bleu-indigo
Et la fumée en-affaise du cachimbo
Où bougonne l’obscur acassan
Manger-lèsprit parfumé et puis fèuilles-bois
Œillades d’anolis d’oeils
Verts constellant le fruitapain bléu
La fiante verte sur la console
La déméfiante pavane bleue
En-rhaut la travèsse d’un mabouya
La falle ouayayaïe du grand duc Valcin
Feuilles bananier dans les nuages
Au Maître génial suffisantes
Air bleu oracle pour le cacher
Ô le temps pleurer
Creuser sillon
Et en suivre le cours
Blanc le saisissement
que la jaune fleur-date le dévire ici même
Blancs les signes les rendez-vous sacrés
Serpente le lieu de l’aube à tout moment
À tout moment l’ange dansant
La blanche couleuvre-déux-têtes
Dévidant l’ondoyant chemin d’astres
Cavalier travesti dans le frissonnant-zentraille
L’offrande de la belle femme fessue
Larges palmes toute chapée de blanc
La source-lhorizon en quelle est-ce s’abreuve la cigouane
Roses les lauriers
Roses l’œil rond de l’amour
Rose la coquetterie surannée de la bourrelle
Le frai maite-tête la rose rhâler-meînin-vini
La sente-bon- madigouane de la prune mombin des rivières
Rose le cœur-miroir de la putain reflétant d’innombrables mondes
Prodiguant tant et tant de bonheurs
jusqu’au fin fond des chambres nuptiales
Rose le cœur-miroir de la chouette à l’âme humide
La sereine réfutation des hérésies
Rouge le carême emmitouflé dans des peaux de taureau
Rouges les gens du lignage du chien
Mêche-lumin rouge la langue divine parlée pour transpercer
Zyeux et cœurs
Rouge le bruit qui a résõnnin comme le crié-lan-mort
trois fois
Trois fois la femme a parlé tout seul
« Ouaë ! Ya rien qui est francé vrémant dans ça ! »
Rouges les torches bois-min rouges Fifi et Mimi
Qui a jambé dleau sans mouiller son déux petits quatiètes
Bricolobric! Bricolobric! Rouges tites colobri!
Rouges les turbulents présages le devègondage sophistique
Les lieux pathétiques
(Et Prodicos de Céos, le Grec,
condamné à boire la rouge ciguë
il a fait comme ça :
« Ce qui est utile à la vie,
il doit être tenu pour divin ».
Ouaïe!)
Noires les nuits qu’illumine l’étoile
Noires les nuits qu’alerte le songe
Les nuits qu’encensent les larmes
De l’oliban
Au leurre le temps qu’escortent les âmes
En-deux-eaux la fortune
Mage cheminant à la main bâton de bois d’orme.
Monchoachi, “Rara solé”, in Lémistè, Liber America, Obsidiane, 2012, pp. 39-40-41.
MONCHOACHI
Source
■ Voir aussi ▼
→ (sur île en île) une fiche bio-bibliographique sur Monchoachi
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