Trouver assez stupéfiante en vérité l'étroite corrélation entre soi et les maux dont on souffre.
S'amuser du coup à traduire son propre inventaire à la Prévert. Et se raconter ainsi une histoire. Se dire avec ces maux, autrement dits.
Noter le poids de l'enfance ; ces otites, comme une surdité au monde ; cette myopie, juste un oeil, moins bien voir au loin, comme pour se forcer à mieux voir près ; cet asthme qui fait chercher hors de soi l'oxygène qui est pourtant en soi. Ce pouce qui pète et qui demandait probablement une pause. Ce genou qui explose parce que ce qui ne plie pas rompt. En fil rouge toujours ce côté gauche, justement gauche.
Noter enfin le poids des années suivantes, et sans doute des années futures. Ces maux de tête, ces crampes, ce dos qui coince, ce ventre qui gargouille.
Tout une histoire.