Finalement, ils se sont revus.
Cela faisait plusieurs mois qu'ils ne s'étaient pas croisés. Il y avait évidemment de l'appréhension. Forte. Comment allaient-ils gérer la situation ? C'était nouveau pour eux un tel contexte. Ils ne connaissaient pas. C'est que s'était installé un poids invisible. La rencontre allait en mesurer l'épaisseur. La durabilité.A l'époque, pour des raisons qui lui appartiennent, toutes n'étant d'ailleurs pas rationnelles, il n'avait pas pu, pas su gérer certaines situations. Ce n'était pas rien, c'était lié à des décès, des douleurs, des souffrances. Cela percutait trop ce qu'il fuyait. Heurtait trop le bonheur qu'il essayait coûte que coûte de se construire. Bref, il n'avait pas pu, pas su affronter ces moments (trop) difficiles. Il n'avait pas bougé. Ne s'était pas manifesté. n'avait rien expliqué.
Eux, ici, s'étaient cognés tous ces moments et lui en voulaient. Beaucoup. Ils auraient sans doute eu besoin de lui et il n'était pas là. Ils lui en gardaient rancoeur. Ils étaient déçus. La distance avait fait que le temps s'était écoulé.
Les uns et les autres n'en avaient pas parlé.
Chacun sa mort.Mais là, ils se revoyaient. Allaient-ils y revenir ? Se donner cette peine ? Cette chance ? Allaient-ils les uns les autres s'exprimer ? Se dire ce qu'ils avaient sur le coeur ?
Pour se comprendre, et au final, se rapprocher ? Eh bien que nenni. C'est avec le non dit que tous avaient finalement rendez-vous. Lui, eux. Ils en restèrent là. Personne n'osa. Violences contenues. Tant pis.C'est comme cela qu'on se fabrique des regrets. Des séparations. Il ne sera pas évident dans quelques semaines, quelques mois, d'en vouloir au hasard.