Lorsque des gens tombent de haut, on peut se demander ce qui est le plus difficile, au juste : la chute ? Le cul par terre ? Le fait de s'agripper à ce que l'on peut ? En voici une en tout cas qui tombe de haut, ces temps-ci. Et la pièce n'est pas comme la tartine. Le beurre n'est pas là où on pourrait s'y attendre.
Derrière les tempes, je sens que ça fait mal. Que c'est rude. Elle a tant semé, tant donné, tant pris aussi, que visiblement, à cela elle ne s'attendait pas. Elle avait cru. Puis voulu y croire. Que celles-ci et que ceux-là lâchent au moment où justement, il s'agit aussi de compter ses amis, c'est l'hiver, c'est maigre récolte.
Quelques semaines plus tôt, quelques mois avant, plusieurs mains ne lui auraient pas suffit pour le recensement.
Mais là, alors que le vent souffle, alors que les flots déferlent, quelques doigts à peine suffisent.
Elle note comme on déglutit ce qu'elle ne voulait pas noter. Jamais.
Elle grimace et oppose finalement à la tempête le sourire discret de ceux qui se cognent aux murs de l'humilité.
En fait, lorsque les gens tombent de haut, ce qui est le plus difficile, c'est de tomber. Et de se rendre compte que ça ne fait pas si mal.