Finalement, il aimait cette période de l'année. Cette période particulière de la fin d'année, qu'elle soit neigeuse ou pas.
Longtemps, il avait pensé qu'il ne l'aimait pas. Même il en grimaçait d'avance.
C'était pour lui un temps trop convenu, où trop généreux s'affichaient les sourires, où trop exubérants s'étalaient sur les tables les denrées. Sans parler de la frénésie de cadeaux. C'était comme si chacun voulait effacer en quelques heures les affres d'une année à déjà oublier. Curieux.
Enfant, à l'approche du jour 1 de l'an nouveau, on le forçait à embrasser des peaux de toutes sortes en disant bonne année bonne santé. Les plus anciens répondaient invariablement surtout la santé. Comme si d'ores et déjà, ils réfutaient l'idée d'une bonne année. Alors que ce n'est pas grand chose. Au moins essayer, se disait-il, étonné par cet abandon.
Plongeant ses yeux dans ceux des autres, il avait donc fini par n'aimer pas cette période. Ils en faisaient un îlot. Un temps de la fête qui déboulait là, d'un coup, par tacite reconduction.
Mais de lui à lui, il trouvait de l'intérêt à cette période. Car plus que d'autres, elle permettait le bilan. La projection.
Et en ces temps pressés, où peu pensent, où peu osent réfléchir, les périodes permettant cela sont rares.
Il sera de toutes façons largement temps de fermer ensuite ses oreilles.
Car après les voeux ou en même temps venaient tout aussi invariablement les bonnes résolutions.
Heureusement, il y a la galette. La frangipane. Soleil d'hiver.