Et alors il s'est éteint. Au pied du sapin, quasiment.
Il a essayé de tenir jusqu'au 24 décembre, ô ça, il a essayé, parce quand même, dans une année, quoi que l'on dise, ce moment-là est important pour qui traîne sa carcasse au fil des jours loin de la vie active, loin du fracas. Pour qui dérive en attendant la fin. Forces amenuisées. Plus que d'ordinaire, plus que de raison, il a regardé le calendrier, détaché les feuilles de l'éphéméride, c'était un compte à rebours finalement.
Il pensait à eux, rêvait de croiser leurs regards, d'entendre leurs voix, au milieu des craquements du bois dans la cheminée. Il pensait à ce qu'il mangerait même si son corps, probablement, ne le supportait pas. Il ne supporte plus grand chose, ce corps, de toutes façons.
Chaque jour passé était pour lui une victoire, une sacrée victoire.
Malgré la fatigue, l'épuisement, la douleur, il a lutté, puisant les forces dans la bataille, les ultimes forces. C'était bon d'espérer ce 24 décembre au soir, de les voir tous, là, près du sapin. Mais ça n'a pas tenu. Il était tout près, plus près que jamais, mais le 22 il a fermé les yeux. Définitivement. Et le 23, tous, ils se sont retrouvés, dehors, dans la grisaille. Au cimetière. Mains dans les poches.
Tous, une dernière fois, ils se sont réunis. A un jour près. Le jour d'avant.