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Dans ces moments-là, la petite fille filait se réfugier dans sa chambre,à l'étage. Tantôt elle se cachait sous la couette, tantôt bras recouvrant ses genoux, elle se mettait dans un coin et elle attendait que ça se passe. C'est ainsi qu'elle s'était mise à croire que ces larmes qui coulaient le long de ses joues, se dirigeant vers le ventre si on les laissait glisser, faisaient pousser le calme en elle. Une sorte d'arrosoir.
Car au bout du compte, toujours, elle finissait par respirer plus tranquillement.
Par contre, dans sa tête, ça tourbillonnait souvent, ou alors, ça restait bloqué.
Elle continua à agir ainsi tout au long des années qui suivirent.
Elle filait par moments pleurer, constatant juste qu'en prenant de l'âge, on réussissait à verser des larmes sèches, et pourquoi pas, des larmes invisibles. Sauf de soi. Elle savait même si personne ne voyait.
Assise, allongée, elle sentait ces gouttes filer directement vers son jardin secret. Cela continuait de la tranquilliser, finalement. Croyait-elle. Mais que fait-on pousser au juste dans un jardin secret avec ses larmes ? Qu'arrose-t-on précisément. De fait, elle était taraudée par l'entier mystère : pourquoi ne pleure-t-on pas vers le haut ? Pourquoi les larmes, sans qu'on ait besoin de faire le poirier, ne vont-elles pas aussi irriguer le cerveau, y planter des graines de paix ? A la place, trop souvent, des ronces.