Coupez! On la garde.

Publié le 21 janvier 2013 par Secondflore

Il a beau se passer quelque chose à chaque fois que je vais chez mon coiffeur à 7 euros du bvd Ornano, ce matin je pensais vraiment qu’on ne parlerait que de météo – parce que je ne sais pas si vous avez vu aux infos, mais il fait froid et il neige.

Quand je suis entré dans le salon, le patron est venu vers moi, m’a serré la main avec plus de chaleur que d’habitude (la météo, toujours) et m’a invité à m’asseoir pour me couper les cheveux lui-même. Il m’a enveloppé de sa serviette sans (effet de) manches, puis a sorti son téléphone portable pour me montrer une vidéo. J’ai regardé distraitement, un peu gêné de cette soudaine intimité (je croyais vraiment qu’il allait me montrer une vidéo de ses enfants en vacances), puis j’ai reconnu le type à tête de plouc sur l’écran. C’était moi, dans une émission sur le métro diffusée en décembre sur Arte.

- Je suis tombé par hasard en zappant, j’ai dit Eh mais c’est mon client ! Vous êtes écrivain ?

Alors j’ai dit oui, sans le rictus gêné que je ne peux jamais réprimer quand on me demande ce-que-je-fais-dans-la-vie. C’était beau, comme si tous les œufs se rangeaient eux-mêmes dans mon panier.

On a causé un peu hasard et télévision, puis le patron a sorti sa tondeuse et nous avons recommencé à parler des choses sérieuses : parce que quand même la neige c’est rigolo, sauf quand on vient travailler en voiture (lui), quand on a des chaussures trouées (moi) ou quand elle fond.
Cette dernière remarque a fait l’unanimité dans le salon, y compris avec le client chinois qui venait d’entrer, silencieux et frigorifié.
Désormais mon coiffeur pourra dire qu’il a vraiment de tout chez lui : des Chinois, des avocats, des Indiens et même un écrivain.

Sur ce je vous laisse, mais promis, cette fois, je reviens.