Une belle occasion pour célébrer le plaisir de l'apprentissage en famille, mais aussi j'ajouterais une occasion de souligner le courage de ceux qui n'ont pas eu la chance d'apprendre en famille.
Mon fils ainé et moi en pleine séance de lecture il y environ 14 ans...
J'adore l'écriture, les mots. J'aime chercher et trouver le mot juste, le bon, le plus pertinent, le plus évocateur, différent, original ou coloré. J'aime écrire pour m'exprimer, pour aider les autres à ma façon, pour raconter, pour créer, pour me faire du bien, pour bloguer ici.
Mais parfois, je dois l'admettre, je fais des fautes... par ma faute. Parfois, faute de me relire.
Il y a aussi les fautes d’inattention, quand on veut écrire trop vite, quand ce qu'on a dans le coeur et dans la tête se bouscule et qu'on ne prend pas le temps, tout simplement...
Il y a les fautes de frappe, celles quand les doigts se croisent sur le clavier, quand la mine du crayon glisse vite sans s'arrêter ...
Il y a les fautes de syntaxe, celles quand on peine à exprimer correctement ses sentiments, son histoire, ses pensées...
Il y a les satanées fautes d’orthographe et de grammaire, parce qu'on ne maîtrise pas sur le bout de nos doigts les notions de cette langue...
Il y a les fautes quand on manque de pratique, ou quand on travaille constamment dans la langue de Shakespeare au point d'avoir de la difficulté à écrire sans fautes sa propre langue maternelle...
Il y a les fautes de ceux qui s'en fichent éperdument, pour qui c'est sans aucune espèce d'importance...
Il y a aussi les fautes par ignorance, par manque de connaissances, de scolarité, de confiance, par manque de ...
Un jour, dans le cadre de mon travail, je devais demander à un participant de lire un texte qu'il avait supposément écrit lui-même lors de sa mise en candidature. J'ai alors vécu un moment de profond malaise quand j'ai constaté que l'homme regardait nerveusement la feuille, tentant d'en lire les premiers mots, la voix hésitante, la main tremblante. Cet homme, qui devait avoir la fin quarantaine, ne m'avouait pas qu'il ne savait pas lire, que cette lettre de participation, il n'en était pas l'auteur. Sûrement par gêne et par peur du jugement, il ne s'était pas confié ni dévoilé à moi. J'ai dû lire entre les lignes, si je peux m'exprimer ainsi. J'ai dû deviner cette réalité qu'était la sienne. Ça m'est arrivé à une autre reprise dans le cadre de mon travail. Cette deuxième fois, vous dire mon embarras quand, prise dans mon contexte de production, j'insistais auprès d'une participante pour lire la fameuse lettre de candidature afin d'enregistrer sa voix. Je n'avais pas sus décodé sur le moment la détresse de cette femme. Je m'en suis voulu longtemps par la suite par mon manque de perspicacité.
Cet homme et cette femme n'avaient pas eu la chance d'apprendre, peu importe le contexte de leur carence en mots. C'est en pensant à eux que j'écris ce billet.
Car il faut aussi célébrer ceux qui ont le courage de faire des fautes, car ils ont eu malgré tout le courage d'écrire, de s'exprimer maladroitement avec peu de mots, peu de connaissance grammaticale et lexicale.
Ces non doués de l'écriture n'ont pas besoin du discours d'intellectuels peu ou « trop » instruit, qui soulignent à gros traits épais les fautes par des remontrances et en ridiculisant le «faiseur» de fautes. Reprendre quelqu'un avec arrogance et condescendance, le regard haut, en pointant du doigt, aggrave la situation, la gêne, la honte. Certains y sont allés de leur bon savoir ou leur peu de savoir, certain ont pris leur courage, leur clavier, leur crayon à deux mains pour oser écrire, aussi petit peut-être le texte.
Je vous propose un exercice, et non pas un de grammaire;
avant de souligner une faute, laissez vos airs de professeur à l'ancienne avec votre règle prête à frapper sur les doigts fautifs et prenez le temps d’enseigner et de partager vos connaissances en la matière avec coeur, passion, support et humour. Vos explications seront des plus utiles et les « fautifs » vous en serons sûrement reconnaissants. S'exprimer par l'écriture est difficile pour beaucoup de gens, surtout sans fautes. Un jour, une personne sera fière d'elle parce qu'elle aura oser écrire pour dire, pour exprimer, pour dénoncer, pour s'accomplir. Parce qu'au lieu de se faire traiter de "bon à rien" en écriture, cette personne aura eu les bons conseils attentifs et bienveillants d'un expert en écriture qui aura su valoriser son audace et son courage par ses encouragements et ses compétences.
Je me confesse ici, je fais encore des fautes, parce que je néglige parfois de me relire attentivement, elles se glissent, je les laisse s'immiscer dans mon texte sans prendre garde à elles. Oui, je l’avoue, je fais encore des fautes...même à mon âge, même diplômée, même avec... J'ai des outils, j'accepte de me les faire pointer, j'assume, je m'excuse, je corrige.
Et n'allez pas prétendre que je n'accorde pas d'importance au français bien écrit, bien au contraire, j'y travaille fort quotidiennement pour les éviter, mais je ne suis pas infaillible...
Et vous, l'êtes-vous?