Titre : Theodore Poussin – T12 : Les Jalousies
Éditeur : Dupuis
Auteurs : Frank Le GallAnnée : 2005
Résumé :
Théodore Poussin revient. Nous voilà en 1933. L'ancien aventurier vit en Asie du Sud-Est sur une île dont il exploite les cocotiers. Bien sûr, M. Novembre est toujours de la partie mais il joue les majordomes. Malheureusement, au moment le plus inattendu, le passé de Théodore va revenir frapper à la porte et bousculer son quotidien...
Une étrange aventure de Théodore Poussin. Je me souviens du voyageur ébahi, du vagabond involontaire et de l'aventurier distant; et voilà notre héros qui revient en producteur de noix de cocos. Ce qui m'a rassuré rapidement, c'est que Théodore semble avoir une certaine distance avec tout cela. Il erre sur son île plus qu'il ne l'habite. On pourrait presque dire qu'il la hante.
Et cela jusqu'au moment où c'est son passé qui revient le hanter, par l'intermédiaire de plusieurs personnes.
L'aventure défile lentement sous nos yeux, l'aventure, ou plutôt la nouvelle vie de Théodore. Le Gall réussit à poser cette ambiance un peu évanescente qui reflète, à mon avis, les sentiments de Théodore.
Finalement, cette aventure dramatique pour quelqu'un d'autre se révèle libératrice pour notre héros. Mais du coup, cette ambiance m'a fait ressentir un certain manque de tension tout au long du récit car on sent que Théodore ne sera pas perdant dans cette histoire. Je ne me suis pas vraiment inquiété pour lui.
« Les Jalousies » porte bien son titre. Effectivement, elles sont plus nombreuses qu'on ne croit, ces jalousies qui motivent les différents intervenants tout au long de ce récit. Je ne vous dévoile rien pour vous laisser le plaisir de les découvrir. Elles reposent un peu partout, drôles ou tristes, mais en tout cas, elles rongent petit à petit cette île !
Le dessin de Frank Le Gall me plaît toujours autant. En reprenant « Capitaine Steene », le premier tome des aventures de Poussin, on se rend compte de tout le trajet parcouru par l'auteur-dessinateur. Ses dessins prennent plus d'espace, les couleurs sont plus belles. Par exemple, la scène de nuit sur la terrasse entre Théodore et Chouchou (bon, je l'ai dit, vous le savez, elle revient) jouent sur les ombres d'une manière que je trouve très belle.
Le cadrage reste simple et même classique, il sert cette histoire qui nous montre l'incapacité profonde pour Théodore Poussin de mener une vie tranquille et « normale ». A la fin, les cadres s'élargissent légèrement, car l'aventure reprend ses droits, et les vérités sont sorties, amenant de l'espace, de l'apaisement.
J'ai été en même temps déçu, à cause du manque de ligne dramatique forte, et emballé par cet album. A mes yeux, il est comme une aventure de transition nécessaire pour que Théodore prenne conscience et admette certaines vérités sur les autres, mais surtout sur lui ! Cet album peut aussi être perçu comme une conclusion aux aventures de Théodore. Théo reprend la mer pour on ne sait où, libéré de ses dernières attaches, peut-être pour entamer un nouveau cycle...
Cette dernière image, certes cocasse, qui clôture l'album et où lui et ses amis s'éloignent de nous, est peut-être aussi tout simplement un au revoir.
Alors au revoir, Théodore, et merci pour toutes ces années passées à nos côtés.
David