Pourtant j’y tiens à ce tas de code HTML. Je ne me verrais plus sans. Je sais que je passe depuis maintenant des années pour la nombriliste de service, celle qui met en scène sa vie sur son blog, et j’ai vu mes proches prendre peu à peu l’habitude de venir checker ici plutôt que de prendre de mes nouvelles. Mais rien n’y fait, non, malgré tout ça, je n’abandonnerai pas ce petit jardin internautique, ma petite fenêtre sur le monde.
Comme vous l’avez vu, je n’ai plus envie de ne faire que dessiner. J’ai envie d’écrire, de prendre des photos, de visiter, de goûter. J’ai envie de raconter ma vie mais d’une façon encore différente. J’ai testé le journal intime web d’ado au fond du gouffre, le blog BD, et il est temps pour moi de passer à autre chose. Il grandit avec moi ce blog. Et ça ne m’empêchera pas de continuer à dessiner ici, mais je ne veux juste pas me sentir obligée. Après tout c’est mon chapeau péruvien et c’est moi qui le mène où bon me semble.
Vous avez bien dû vous rendre compte que je n’y arrivais plus trop. Pourtant c’est pas l’envie qui m’en manquait. J’ai longuement hésité à publier ce post mais je suis décidée, et j’ai l’impression que pour pouvoir continuer et commencer quelque chose de nouveau, il faut que je sois sincère et que je vous dise ce que j’ai sur le cœur. Pour repartir légère et comprise.
Il y a quelque temps, j’ai surpris une conversation sur Twitter où un groupe de filles s’en prenait à Chapeau Péruvien et se demandait ce que faisait « la police des blogs » pour laisser publier des dessins aussi « couille », des photos de mon mariage avec un « vieux weirdos », un guide sur Barcelone inutile et déjà vu, des articles aussi puérils qu’une rédaction de CM2, en bref, de laisser vivre le blog d’une fille dont « la vie a l’air tellement pourrie ».
À partir de ce moment là, je n’ai plus été capable d’écrire ou de dessiner une ligne. Je sais, c’est nul. Il ne fallait pas que je m’arrête à ça. C’était les laisser gagner, ces connasses. Mais des mots aussi méchants, gratuits, venus de personnes suivies par des milliers de gens, ça m’a retourné la tête. Surtout que j’étais dans une période très spéciale de ma vie, un peu fébrile, un peu fragile, les armes à terre. En train de faire mon nid.
Quelques semaines après, quelque chose de bien plus important et douloureux que ces pauvres tweets idiots est venu mettre mon cœur en morceaux.
Ce Noël 2012 m’a semblé le plus triste du monde. Plus triste que tous les autres, même ceux qui étaient un peu moins drôles, même ceux, désenchantés, qui ne seraient plus jamais comme avant parce qu’il manquait quelqu’un.
Car cette année aussi il manquait quelqu’un.
Quelqu’un qu’on m’a arraché, par « aspiration », 3 jours avant Noël.
C’était un quelqu’un qui avait tout juste commencé à exister. Un tout petit quelqu’un de quelques millimètres qui prenait déjà toute la place. Un quelqu’un très attendu qui s’était donné pour mission de pomper tout l’amour de mon cœur et qui avait déjà bien réussi. Quelqu’un qui s’était fait une place belle dans mon agenda jusqu’en juillet et pour le reste de ma vie, ensuite. Quelqu’un qui s’est arrêté dans sa course, qui s’est éteint, que j’ai “perdu“. Quelqu’un dont le bref passage dans notre vie nous a laissés tellement vides et tellement tristes.
J’ai entendu à peu près tout. Que c’était rien, que c’était ordinaire, terriblement banal, bon signe, partie remise. Que c’était la vie. Que la nature fait bien les choses.
Mais pour l’instant, moi, la nature, j’ai plutôt envie de lui dire d’aller se faire foutre. Parce que c’est peut-être ordinaire mais moi j’ai la tête et le cœur à l’envers, et absolument rien ne peut me consoler.
Vous en êtes ?