Je suis timide et je ne me soigne pas

Publié le 08 avril 2008 par Anaïs Valente
Ça fait un petit temps qu’on discute sur la page orange.  De tout, de rien.  Mais beaucoup.  On a toujours à se raconter, et c’est bon signe.  Très bon signe.  Alors, quand pour marquer le cap des deux semaines, il m’invite dans un resto gastronomique de sa région, j’accepte, séduite à l’idée de le rencontrer, séduite à l’idée de me régaler.
Il vient me chercher, et me ramènera.  Cette sensation d’avoir un chauffeur, mmmmh, c’est agréable.
Il est pile à l’heure, tout mignon dans son costume cravate.  Et oh, quand on mange gastronomique, on s’habille en conséquence.  Je me trouve jolie aussi, tiens, pour une fois, dans ma petite robe noire.
Dès les premières minutes du trajet, notre « affaire » se présente mal.  Lui qui me racontait sa vie en long et en large ne trouve soudainement plus rien à me dire.  Et quand je dis rien, c’est rien.  Sans doute se concentre-t-il sur sa conduite.  Une attitude somme toute hyper respectueuse à mon égard : il n’a pas envie de m’envoyer dans le décor.
Nous arrivons enfin (la notion du temps s’allonge sadiquement lorsque le silence est de la partie), et prenons place dans le plus beau resto que j’aie jamais vu de ma vie. 
J’appréhende, au vu du service guindé et du silence tout aussi guindé de mon compagnon, la longueur du repas étoilé que nous allons déguster.
Dans un restaurant « so chic », il n’y a pas de mouches.  C’est bien dommage, car j’aurais pu les entendre voler.  Ça m’aurait occupée.  J’aurais pu également tenter de distinguer si elles étaient à longues ou courtes ailes, génétiquement parlant (vous avez pu remarquer ici que la génétique me passionnait). 
A l’apéritif, j’ai déjà épuisé tous les sujets possibles et imaginables. 
A l’entrée (poêlée de Saint-Jacques accompagnée de son petit risotto à la truffe), de grosses gouttes dégoulinent de mes aisselles pour aller s’écraser à grands coups de « ploc » sur le parquet bien ciré.  Je me surprends à compter les petits pois du risotto.  Dix-neuf.  Ridés ou lisses ?  Vive la génétique qui vient à mon secours.
Au plat de résistance, je n’ai plus faim, contractée que je suis par mes tentatives vaines de parler, simplement parler.
Au dessert, je jette l’éponge et me réfugie moi aussi dans un mutisme dont je ne parviendrai plus à sortir.
Le trajet de retour s’écoule lentement, comme à l’aller.  Sauf que je m’assoupis, ce qui raccourci considérablement mon attente.
Me voici chez moi, j’entame une très longue conversation avec mon rat, qui, le pauvre, dormait, mais, comprenant ma détresse, fait mine de m’écouter attentivement.  Merci, le Rat.
Ill de Miss Minimo que j'aime tout particulièrement...