Au téléphone : la conversation s'est installée depuis un certain moment déjà...
lui: tu sais, j’ai rêvé de rats, mon psy m'a dit que les rats dans les rêves sont liés à la maladie
lui : je lui ai alors dit que la maladie me "gênait" pour pas dire me terrorisait
lui : peur de la maladie, peur aussi du manque d’argent
lui : mes deux rats, c'est con hein ?
lui : et moi, je ne te demande même pas comment tu vas, juste du bout des lèvres...
lui : tu vas ? ton problème de santé ? ça s'améliore ?
elle : la maladie n'est pas une punition tu sais
elle : il ne faut pas la craindre
elle : il faut la combattre
lui : faudrait afficher tes mots dans tous les hôpitaux
lui : qu'est-ce que tu parles bien, juste, fort, efficace
elle : je ne crains ni la maladie ni la mort car ce n'est pas ça le plus difficile
elle : le plus dur c'est l'absence de désir
elle : ce n'est pas la vie qui est sacrée
elle : c'est le désir
elle : le désir d'être, de vivre, de mourir, d'aimer, de faire…
lui : je vais essayer de me souvenir de tes mots, les garder, les encadrer et je suis très sérieux... mais...
lui : ... désir de mourir, explique ?
elle : oui, j'imagine quand on est atteint d'une maladie incurable, on peut avoir le désir de mourir, et c'est noble ; il y a des cons qui t'en empêchent, soi-disant parce que la vie est sacrée
lui : je comprends
elle : la vie n'est pas sacrée, on doit pouvoir mourir quand on veut et on doit pouvoir interrompre une grossesse si elle n'est pas désirée
elle: le sacré c'est le désir d'enfant, pas l'enfant
elle : le sacré c'est le désir d'un homme ou d'une femme, pas le mariage, etc.
lui : incroyable comme tu parles !
lui : je suis sidéré devant tant de juste finesse, parfaite intelligence du cœur
elle : moi je me fous de la quantité de vie, ce qui m'importe c'est sa qualité
elle : une vie avec du désir dedans, comme une fève dans la galette
lui : c'est beau ça, une fève en OR : le désir
elle : par exemple, peu m'importe la quantité de fois qu'on se voit, ce qui m'importe c'est qu'il se passe quelque chose de qualité quand on se voit…