En guerre contre les islamistes au Mali et contre les homophobes en France, François Hollande ne pouvait pas mieux choisir ses combats pour piquer l’attention des médias en Amérique. Francophobes et francophiles en perdent leur latin. Les conservateurs seraient tentés d’applaudir (on ne crache pas sur une bonne guerre), mais se retiennent en se disant qu’il pourrait bien y avoir quelques couples homosexuels dans les troupes françaises. Les libéraux se réjouissent que les français rejoignent la lutte pour les droits homosexuels, mais questionnent la légitimité de l’action de l’ancienne puissance coloniale au Mali. Mi-Bush, mi-Obama, le président de synthèse François Hollande oblige les américains à reconsidérer leurs images d’Epinal sur les français. Courageux ou couards ? Progressistes ou traditionalistes ? Peut-on agiter le spectre d’Al Quaida au Mali pour assurer l’approvisionnement en gaz de la France après avoir dénié aux américains la légitimité de ce prétexte pour s’assurer que le pétrole iraquien coule à flot ? Peut-on envoyer 2500 troupes au Mali après avoir fait la fine bouche pour soutenir les renforts en Afghanistan ?
Mi-figue, mi-raisin, Steven Colbert résumait cette semaine le sentiment partagé des observateurs américains dans une rare chronique satirique consacrée à l’actualité française. Pour le contexte, le « Colbert Report » est un peu aux américains ce que le « Petit Journal » est aux français. Le comédien Steven Colbert s’en prend généralement à la vie politique américaine en caricaturant le point de vue républicain sous les habits d’un présentateur de news ultra-conservateur.
« La principale différence avec l’Amérique » dit-il, « c’est que les gens qui en France portent des petites affiches roses et écoutent Abba dans les manifs sont les homophobes, pas les homosexuels« .