La Terre des mensonges
Anne B. RAGDEBalland - 2009Nombreux prix en Norvège et en Europe
Quoi? Roman familial.
Où et quand? De nos jours, en Norvège.
Qui? Une famille de taiseux du Grand Nord, dans les fjords norvégiens. Trois frères aux personnalités très différentes : Tor, le fils resté dans la ferme parentale, l'éleveur de cochons. Margido, entrepreneur dans les pompes funèbres, grand solitaire devant l'éternel. Erlend, parti chercher sa vie ailleurs, heureux dans sa vie urbaine à Copenhague, loin de l'homophobie familiale.
En quelques phrases: Peu avant Noël, un présage funèbre : une mort au village. Puis la mère qui tombe malade, clouée au lit, laissant le grand fils, Tor, cinquante balais et jamais parti de la ferme, désemparé. Il s'occupe de la porcherie, tente désespérément de croire que sa routine va reprendre. Mais la mère ne va pas mieux, il l'emmène à l'hôpital. En dernier ressort, il va jusqu'à appeler ses deux frères dont il n'est pas particulièrement proche (c'est le moins que l'on puisse dire!). Ils vont réveiller un flux de tensions et de non-dits trop longtemps restés dans un silence indifférent.
Avis : J'ai été bluffée par ce roman. J'en avais entendu que du bien mais je préfère toujours me forger mon propre avis.
Mes attentes de lecture ont toutes été faussées et j'adore être surprise. Je m'attendais à un roman familial bourré de psychanalyse à 2 balles, que j'aurais détesté. Faux. Puis je me suis dis que ça serait du style roman familial sérieux, austère, chiant, dans une porcherie, en compagnie de paysans peu bavards. Encore faux.
Les non-dits entre les lignes, ce ton grinçant de l'auteur, cette descente en règle de la famille idéale, ça m'a férocement plu. J'ai particulièrement aimé le rebelle de la famille, Erlend, qui bouscule les choses et qui "met le pied dans le plat".
Conseils de dégustation : Particulièrement recommandé aux lecteurs avides de grands paysages norvégiens et fanas de culture scandinave, amateurs de ce ton et de cet humour venus du Grand Nord. Aux lecteurs friands d'arbres généalogiques parsemés de secrets.
C'est un roman qui remue, qui nous emmène dans ce crescendo de tensions dissimulées, de failles familiales et personnelles. Il illustre une parole d'une artiste suédoise (Fever Ray alias Karin Dreijer-Andersson de The Knife) qui pourrait s'appliquer à bon nombre d'oeuvres scandinaves : "We set fire in the snow". Ce mélange du chaud et du froid, cette intensité qui se cache sous une couche de glace.
A lire en ces temps de froid polaire, avec une tasse de thé à la cannelle brûlant ou un verre de schnaps local ou d'aquavit! (Avec modération, hein).
En mode râleuse : Ca ne s'y prête pas, j'ai adoré du début à la fin!
Lu dans le cadre du Challenge Littératures Nordiques