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Mariangela Gualtieri | [Per tutte le costole bastonate e rotte]

Publié le 27 janvier 2013 par Angèle Paoli
« Poésie d’un jour
choisie par Marie Fabre

[PER TUTTE LE COSTOLE BASTONATE E ROTTE]

Per tutte le costole bastonate e rotte.
Per ogni animale sbalzato dal suo nido
e infranto nel suo meccanismo d’amore.
Per tutte le seti che non furono saziate
fino alle labbra spaccate alla caduta
e all’abbaglio. Per i miei fratelli
nelle tane. E le mie sorelle
nelle reti e nelle tele e nelle
sprigionate fiamme e nelle capanne
e rinchiuse e martoriate. Per le bambine
mie strappate. E le perle nel fondale
marino. Per l’inverno che mi piace
e l’urlo della ragazza
quel suo tentare la fuga invano.

Per tutto questo conoscere e amare
eccomi. Per tutto penetrare e accogliere
eccomi. Per ondeggiare col tutto
e forse cadere eccomi
che ognuno dei semi inghiottiti
si farà in me fiore
fino al capogiro del frutto lo giuro.

Che qualunque dolore verrà
puntualmente cantato, e poi anche
quella leggerezza di certe
ore, di certe mani delicate, tutto sarà
guardato mirabilmente
ascoltata ogni onda di suono, penetrato
nelle sue venature ogni canto ogni pianto
lo giuro adesso che tutto è
impregnato di spazio siderale.
Anche in questa brutta città appare chiaro
sopra i rumorisissimi bar
lo spettro luminoso della gioia.
Questo lo giuro.

Mariangela Gualtieri, Bestia di gioia, Einaudi, collana Collezione di poesia, 2010, pp. 7-8.

[POUR TOUTES LES CÔTES MATRAQUÉES ET BRISÉES]


Pour toutes les côtes matraquées et brisées.
Pour chaque animal jeté de son nid
et broyé dans son mécanisme d’amour.
Pour toutes les soifs qui n’ont pas été étanchées
jusqu’aux lèvres fendues jusqu’à la chute
et à l’aveuglement. Pour mes frères
dans leurs tanières. Et mes sœurs
dans les filets et les toiles et dans les
flammes déchaînées et dans les cabanes
et enfermées et torturées. Pour mes petites filles
arrachées. Et pour les perles dans les fonds
marins. Pour l’hiver que j’aime
et le hurlement de la jeune fille
quand elle tente en vain de s’enfuir.

Pour tout connaître de cela et l’aimer
me voici. Pour tout pénétrer et accueillir
me voici. Pour ondoyer avec le tout
au risque de tomber me voici
Chacun des noyaux avalés
en moi deviendra fleur
jusqu’au tournis du fruit, cela je le jure.

Chaque douleur sera
ponctuellement chantée, et puis aussi
la légèreté de certaines
heures, de certaines mains délicates, tout sera
admirablement regardé
écoutée chaque onde sonore, pénétré
dans ses nervures chaque chant chaque pleur
tout cela je le jure maintenant que tout est
imprégné d’espace sidéral.
Même dans la laideur de cette ville apparaît limpide
au-dessus des bars trop bruyants
le spectre lumineux de la joie.
Cela je le jure.

Traduction inédite de Marie Fabre
D.R. Texte Marie Fabre
pour Terres de femmes


______________________________________
NOTE de MARIE FABRE : en 1983, Mariangela Gualtieri a fondé avec Cesare Ronconi à Cesena le Teatro Valdoca, dont elle est la dramaturge. Sa production théâtrale s’est enrichie dans les années 2000 d’une activité poétique, accompagnée de lectures et de performances. Son écriture est marquée par une recherche formelle qui donne toute sa place à la musicalité du vers – on y décèle notamment une influence importante d’Amelia Rosselli. Parmi ses dernières publications : les recueils Senza polvere senza peso (2006), Bestia di gioia (2010) et la pièce Caino (2011), publiés tous trois chez Einaudi.

NOTE d’AP : ancienne élève de l’École normale supérieure (Lettres et Sciences humaines), Marie Fabre est agrégée d’italien. Après un « master 2 » à l’université de Bologne sur Italo Calvino et Elio Vittorini, elle a soutenu en décembre 2012 (sous la direction de Christophe Mileschi, à l’Université Stendhal – Grenoble 3) une thèse de doctorat sur les rapports entre utopie et littérature chez ces mêmes auteurs. Marie Fabre a aussi récemment participé à un dossier “Amelia Rosselli” pour la revue littéraire Europe (n° 996 | avril 2012) [pp. 216-223] et traduit en français l’intégralité des Variazioni Belliche d’Amelia Rosselli (Ypsilon, 2012).



MARIANGELA GUALTIERI

Gualtieri

Source

■ Mariangela Gualtieri
sur Terres de femmes

Giorno d’aspromonte (poème extrait de Senza polvere senza peso)

■ Voir aussi ▼

→ (sur Imperfetta Ellisse) une note de Giacomo Cerrai sur Mariangela Gualtieri, finaliste du Prix Ceppo 2011 de Pistoia (+ bio-bibliographie)
→ (sur poiein.it) un article (en italien) de Rossano Astremo sur la poésie de Mariangela Gualtieri (« piccolo immenso corpo poetico »)
→ (sur YouTube) une interview de Mariangela Gualtieri
→ (sur YouTube) une autre interview de Mariangela Gualtieri (dont de nombreux poèmes dits par l’auteure)



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