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Le cinoche à Jules-Django Unchained

Publié le 28 janvier 2013 par Jules

django

Je dois avouer que l'une de mes fiertés est de ne pas avoir découvert l'existence de Quentin Tarantino uniquement quand il reçut sa palme d'or à Cannes en 1995. En effet j'avais déjà vu Reservoir Dogs, ainsi que les adaptations de ses scénarios (True Romance et Tueurs Nés). Je scrutais également les multiples interviews du bonhomme dans la presse. Je ne fus donc pas surpris quand il décida de quitter l'univers du polar indépendant (que certains auraient bien voulu qu'il ne quitte jamais) pour œuvrer dans des films d'exploitation populaire et délirant.

Même avec ses sorties médiatiquess un peu lourdingue et sa mégalomanie démentielle, il est difficile de le détester complètement. On ne peut pas nier la cohérence de sa filmographie dans le sens où elle témoigne d'un amour débordant pour toutes les formes de cinéma. Avec lui pas de genre ou de sous genre, il peut adouber en même temps les mélos hollywoodien de Douglas Sirk comme vous vanter les mérites d'obscures films de Hong Kong ou des "zedèries" Italienne. Mais tout ça on le sait déjà.

Car Quentin est un malin et même si ses films sont des exutoires pour spectateurs en manque de tripaille, il prendra toujours soin d'analyser subtilement le genre qu'il explore. Par exemple la première partie de Kill Bill est ultra jouissive et premier degré, alors que sa suite en sera l'extrême opposé en nous montrant en quelques sortes, l'envers du décor avec un rythme plus lent et des personnages qui gagnent en profondeur et en subtilité. D'ailleurs, beaucoup de spectateurs se sentiront floué par cette suite apparemment décevante alors que les deux parties de Kill Bill se complètent parfaitement.

Le souci est que désormais, Tarantino, en sauveur d'un certain cinéma à l'ancienne (pas d'effets numérique, joie du dialogue et scène d'action sans filets),cristallise les fantasmes des cinéphiles du monde entier et immanquablement on projettera nos désirs les plus fous à chaque nouveau projet. Son précédent film, Inglorious Basterds n'était pas vraiment le film que j'aurais espéré, je m'attendais réellement à un bon la brute et le truand durant la seconde guerre mondiale. Or, j'ai aimé Inglorious Basterds. Malgré un casting douteux (Mélanie Laurent n'était pas vraiment un choix pertinent) et des raccourcis scénaristiques plus que faciles, le film proposait suffisamment de scènes réjouissantes pour combler un spectateur tel que moi.

L'annonce de la mise en chantier de son western ne pouvait, encore une fois que nourrir les espoirs les plus fous. Malgré une presse quasi unanime, les critiques négatives ont commencé à proliférer sur le net, et ont commencé à m'inquiéter. C'est donc avec une certaine anxiété que je suis allé voir Django Unchained. Bon… fin du suspens, j’ai trouvé ça plutôt bon.

"I like the way you die boy !"

Django est divisé en trois parties. La première est à minima ce qu'on pouvait attendre d'un western tourné par Tarantino. Agréablement sobre et visuellement splendide, on s’imagine dévorer les planches d’un album de blueberry. C’est Christopher Waltz qui mène la danse dans un rôle finalement assez similaire a celui du colonel Landa dans Inglorious Basterds. Très bien rythmé et fort en gueule patibulaire on se laisse embarquer sans problème. Quentin se paye même une scène loufoque avec le Klu Klux Klan et démonte au passage Naissance d’une nation le chef d’œuvre officiel de d.w Griffith.

« …c’est ce que je fais désormais, je me salit les mains »

Mais c’est avec l’arrivée dans le Mississipi et l’introduction du personnage de Calvin Candie que le film prend réellement son envol. Là Tarantino nous fait pénétrer dans un vieux sud violent et malsain. On se sent comme le capitaine Willard piégé dans l’antre du colonel Kurtz dans Apocalypse Now. A partir de cet instant la violence du film ne nous fera plus rire du tout, et les vrais desseins de Django Unchained nous apparaissent alors. Nous restons perturbés par ce monde de barbarie où, sur son domaine Candie règne en despote. Fini également les saillies drolatiques de Waltz, il se fait même carrément voler la vedette par les performances de Léonardo Di Caprio (totalement allumé dans le rôle de Candie) et de Samuel L. Jackson impérial en Uncle Bens diabolique. Là le rythme contemplatif et l’écriture parfaitement ciselé nous scotchent à nos sièges, une tension insoutenable qui explosera dans un « gunfight » homérique sur fond de rap où Tarantino nous refait La Horde sauvage à coup de geysers de ketchup.

« Tu as raison, Je suis un Nègre* sur 10 000. »

Arrive alors la dernière partie qui est peu être la plus faible des trois. Légèrement en retrait jusqu’à présent, Django (Jamie Foxx étonnamment bon pour une fois) devient le cœur du récit. Comme Eastwood dans les films de Sergio Leone ou Mifune dans Yojimbo, il doit être capturé et molesté par ses adversaires, pour revenir telle une figure légendaire et dessouder les bad guys en éclaboussant les murs d’un bon hectolitre de jus de raisin. Même si elle est parfaitement jouissive, cette partie de l’histoire dénote un peu par rapport à la précédente qui était plus fine. J’aurais pour ma part préféré un final plus nihiliste.

Mais bon je serais bien difficile de bouder mon plaisir devant ce Django unchained qui réussit le pari insensé de réinventer une franchise en se l’appropriant totalement.

*bon sang j'ai eu du mal à l'écrire ce mot !


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