Hachette
Collection Black Moon
Paru en Octobre 2011
448 pages
16 euros
Roman ados dès 14 ans
Thèmes : Hiver, Nature, Société
Quatrième de couverture : Un ciel de sang. De la neige à perte de vue. Et une forêt de pins. Des pins qui dévorent tout. Demain, l’Hiver engloutira le monde. Johan refuse de s’agenouiller devant le sort. Par amour, il décide de retrouver celle qu’il aime. Par amour, son frère, Théo, va lui ouvrir la voie. Par amour, ses amis laissent tout derrière eux pour l’accompagner. Pour cela, ils devront pénétrer jusqu’au cœur des ténèbres… Au cœur de leur propres ténèbres. A propos de l'auteur : Jean-Luc Marcastel, né à Aurillac, a d'abord été professeur d'histoire. Grand lecteur, fanatique de Dumas, Tolkien ou encore Lovecraft, il décide de se lancer dans sa vraie passion : les histoires. En 2009, il sort ses premiers romans : Louis le Galoup chez Nouvel Angle et Frankia, chez Mnémos.
Nous sommes en 2035, à Aurillac. Les températures ne dépassent les -20 degrés. La nature a repris ses armes et a évolué en une sorte de pins terrifiants, buveurs de sang. La Malesève. Dans ce monde apocalyptique, quatre adolescents se battent encore pour sauver et défendre ce qu'il y a de mieux sur cette Terre. Mais l'amour est-il assez fort pour triompher de la Malesève et de ce qu'elle a fait des hommes?
Le dernier hiver c'est une écriture magnifique, littérairement riche et singulière, au vocabulaire soutenu et poétique presque lyrique. Une imagination terrifiante, aux accents lovecraftiens où la Malesève règne sur le monde des hommes, gagnant du terrain, reprenant sa revanche. Des arbres vampires, dévoreurs de villes, d'hommes... Dans ce chaos, l'imminence de la fin du monde s'affirme et laisse place aux pires dérives sociales. Sous aucune emprise politique, les hommes sont désormais libres de céder à leurs pulsions les plus primitives : vols, sectarisme, fanatisme, oppression, abus. Jean-Luc Marcastel propose ici une réflexion crédible du monde tel qu'il pourrait devenir sous le joug du froid et du mal. Un monde qu'il est facile d'imaginer car l'auteur exploite le filon du réchauffement climatique. L'univers qu'il décrit est à la fois terrible et saisissant parce qu'on imagine aisément à quel point l'homme pourrait changer, son comportement dévier lorsqu'il n'y a plus de repères, plus de règles et que la loi du chacun pour soi s'impose. A la lecture du Dernier hiver, je n'ai pas manqué de repenser à La route de McCarthy ou encore Au nord du monde, côté français avec Marcel Theroux. Deux visions de l'humanité s'opposent, entre les dominés et les prédateurs, entre les marginaux et les autoritaires, les faibles et les malsains.
En conséquence, nos héros poursuivent une quête pleine de bons sentiments et de valeurs essentielles telles que la fidélité, le courage, la loyauté... Prenons Johan, amoureux de Léa qui décide d'affronter l'extérieur pour la rejoindre. Prenons Théo, son frère qui refuse de le laisser seul et souhaite l'aider. Prenons Fanie, folle amoureuse de Johan, le suit coûte que coûte, où qu'il aille, peu importe s'il en aime une autre. Prenons Khalid, le meilleur ami de Johan qui suit cette troupe et délaisse son amour afin de rester loyal. L'amour et l'amitié demeurent, forts et omniprésents, meilleurs armes contre cet univers sombre et désespérant. On appréciera la psychologie complexe et pleine de justesse de Johan/ Corbeau. Une psychologie tourmentée par la douleur et la souffrance, profondément marquée par la dureté. L'ambiance est angoissante et la trame fantastique est excellente, habilement maîtrisée. Sans oublier un suspense lourd, emprunté largement à ce périple en motoneige...
Sur fond de dystopie carnivore, Jean-Luc Marcastel a su créer un roman d'une grande maturité, où l'intrigue passionnante, pertinente surprend par son originalité et sa complexité. Roman sur la condition humaine, Le dernier hiver dévoile un message poignant et universel, pour le moins plein de sagesse et de vérité. Une réelle découverte et une lecture plus que réussie.
Les avis de Fantasia, Hérisson, Bladelor