Mohamed Morsi
Certains pseudo intellectuels africains se permettent parfois de demander un « printemps sub-saharien », comme s’ils ne voyaient pas l’échec du soi-disant « printemps arabe » ici ou là. Aveuglés par la course au pouvoir, grisés par le paraître et obnubilés par les ors de la République, ces derniers devraient s’inspirer de leur culture, du cognitif plutôt, que de tenter de transposer la démocratie occidentale-encore faut-il qu’elle existe dans les faits-, dans leurs différents pays. Il est parfois amusant voire risible de les entendre, alors que dans leurs actes et partis politiques, ils n’ont pas une réelle pratique ou culture démocratique. En Égypte, les Frères musulmans sont aujourd’hui incapables de contenir la foule, prisonniers de leurs engagements politiques devant la planète entière, la tentative dictatoriale fait dire finalement que l’islam politique n’est pas compatible avec la démocratie. Ambiance.
Défiant ouvertement Mohamed Morsi le président égyptien, des manifestations de rue monstres montre à quel point les Frères musulmans sont dans la panade. Mais, y’a-t-il un besoin urgent de quitter l’islam politique qui finalement a un problème avec une culture démocratique ? Depuis cinq jours en Egypte , avec des dizaines de personnes qui ont été tuées, des villes entières dans la tourmente et l’incapacité du pouvoir de les contenir, ceci révèle un déficit abyssal de la confiance que les Égyptiens ont désormais pour les Frères musulmans. Or, le groupe islamique est arrivé au pouvoir en faveur de cette même démocratie qu’il est incapable de mettre réellement en oeuvre dans la praxis, prisonnier d’un dogme islamique aux antipodes de la modernité. Vu sur ce schème, il y a donc des doutes à avoir.
Dans des villes comme Port-Saïd , les manifestants ont fait preuve d’un mépris énorme de l’autorité, en bravant le couvre-feu et l’état d’urgence décrétés. Ceci a fait sortir le chef de l’Armée égyptienne de ses gonds. Ce dernier a menacé et mis en garde contre l’effondrement de…l’état. Les militaires seront-ils finalement le recours pour éviter le chaos ? Quand on sait que les éléments déclencheurs de ce soulèvement sont le deuxième anniversaire de la chute de Hosni Moubarak et la condamnation de 21 personnes suite au décès de 74 autres après un match de football l’année dernière, il y a de quoi craindre le pire. Véritablement, les Frères musulmans semble chaque jour davantage avoir perdu la main. La confiance avec le peuple se perd ou est perdue. C’est simple, les Frères musulmans ont rompu beaucoup de promesses. Entre trahison et volte-face, et une tentative de mainmise dictatoriale sur le pouvoir, M. Morsi viole le droit constitutionnel et le pluralisme laïque.
La conciliation de l’islam comme religion révélée avec une démocratie libérale ne sera jamais réglée mais, de là à dire que l’islam n’est pas compatible avec la démocratie, il n’y a qu’un pas. Les islamophobes s’en donnent à coeur joie !