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Elle est malade. Tourne à la vitamine C et aux gélules. Y'a plein de boites sur son plan de travail.
Elle se promène dans les couloirs, le nez humide, l'oreille sans doute bouchée, la voix qui part en sucette. Elle se promène dans les couloirs et entre dans les bureaux voisins et les salles de réunions en trimbalant d'un pas lent ce coup de moins de bien et en l'affichant, en le brandissant. Quelque chose brille dans son oeil. Ce n'est pas seulement la température. Quelque chose brille dans son oeil entre deux quintes de toux. Et cette lueur dit que quelque part, elle n'est pas malade, non : elle est héroïque ! Cette lueur dit  voyez comme je suis courageuse, voyez comme j'affronte la maladie, voyez comme je suis forte, finalement. Alors elle sourit quand on lui dit, va te coucher, prend une tisane, repose-toi. Car elle dit non. Car elle dit je ne peux pas. J'ai des choses à faire. Elle dit qu'elle ne veut pas emmerder les autres, qu'elle ne souhaite pas qu'ils héritent de ses dossiers, que ce ne serait pas confraternel. Chacun a des choses à faire.
Les virus s'échangent mieux que le bon sens, de nos jours. Mais elle a des circonstances atténuantes. Pour qui la connaît sait le combat qui se livre dans son corps depuis plusieurs mois. Sait les séances chimiques.