Les adolescents qui oscillent entre mille attitudes pour n'en choisir bien souvent aucune et advienne que pourra ont cette magistrale capacité : quoi que vous disiez, a fortiori si vous êtes les parents de cet ado-là, ils réussissent à vous faire croire et parfois à vous convaincre que vous utilisez une langue qui leur est parfaitement étrangère. Ils ne la parlent pas. Ils ne la comprenne pas. Du bout des lèvres, cette langue, ces mots, ces phrases, cette grammaire, à tous les temps, ils ne l'utilisent qu'avec parcimonie.
Au fond, en roulant des yeux, ou en ne les roulant pas, en décochant un rictus pour les plus discrets, une grimace pour les plus francs, quand ils ne tournent pas les talons, ils vous disent que votre langue n'est pas la leur. ET avec tout le reste. Votre monde leur est étranger. C'est ainsi qu'ils le traversent. Leur parler revient à les faire se planter comme sous un arbre pendant qu'il tombe des cordes. De ces cordes dont on fait plutôt violons que menottes. Peut-être n'est-ce pas plus mal. Leur parler revient alors à planter des graines dans un sol. Avec l'espoir que les saisons ne seront pas trop rudes. Et qu'il en poussera quelque chose. Quelque chose de bien.