42

De prime abord, c'est difficile à dire. C'est difficile à dire ce qui cloche, chez lui. Mais quelque chose cloche. Une auréole semble flotter autour de lui. Et elle met mal à l'aise, cette auréole. C'est indéniable. Ce type, on ne sait pas pourquoi, et encore moins comment, il met mal à l'aise. De fait, c'est assez compliqué avec lui. On se sent vite fatigué. On ne comprend pas bien. Car les attitudes, les gestes, les postures ajoutent à l'indicible. La voix pourtant n'a rien de particulier. Les mots non plus. Au contraire, ils seraient plutôt de bonne compagnie.
En affinant, on se rend compte que c'est en réalité le regard, qui dérange. Qui trouble. C'est cela, d'ailleurs : un regard trouble, qui semble hésiter, qui ne dit pas son nom. Il roule. Il est dessus. Il est dessous. Il est de côté. Il va vite. Il peut être torve.
Lui-même d'ailleurs, ce type, semble lutter. On dirait qu'il cherche à le poser, ce regard. Il est encombré avec. Il ne sait pas quoi en faire. En face, on ne sait plus. Si on doit le chercher ce regard, le capter, le guider, le poser. Ou si on doit le fuir, l'éviter lui qui ne se pose pas.
En tout cas, la vox populi tranche. Ne s'embarrasse pas. N'a pas le temps d'essayer de comprendre. Car c'est sûr, il y a un secret derrière tout ça. Une zone invisible qui hurle comme un nez au milieu d'un désert. La vox populi n'aime pas ce regard, elle ne sait quels mots poser dessus, elle ne le cherche pas. Elle décide que ce type est louche, que ce type est dangereux, peut-être, et que c'est comme ça. Elle ne supporte ni ce regard, ni cette posture, encore moins cette auréole, la vox populi. Et dans ces cas-là, elle décrète.
C'est ainsi qu'une foule agit. face à la différence, sans mots dire. Elle éjecte.